Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 juin 2017 2 13 /06 /juin /2017 13:39

 

 

INTRODUCTION

 

L’abdéritisme : lorsque j’ai proposé ce titre, je ne savais ni le chemin ni à quoi il mène. J’avais constaté que la raison bute sur ce mot, comme le pied sur un caillou, à la lecture du livre qu’Emmanuel Kant a commencé à écrire en 1794 et qu’il a publié en 1798, intitulé Le Conflit des facultés, dans lequel le philosophe allemand envisage la question de l’histoire, à travers le prisme du conflit, toujours possible paraît-il, entre les institutions qui influencent plus ou moins le public d’un côté, à savoir les facultés de théologie, de droit et de médecine et celle de philosophie de l’autre côté.

Par conflit des facultés, entendons par conséquent celui de la faculté de philosophie avec les facultés de théologie, de droit et de médecine.

Par histoire, entendons celle des âges de la raison : dogmatique dans l’enfance, sceptique à l’adolescence et critique à l’âge adulte. Autrement dit, une histoire de la raison qui ne doutait pas, qui a douté et qui est en train de sortir du doute sans sortir pour autant de ses limites.

Il n’est donc ici question, pour reprendre une distinction célèbre, ni d’histoire originale ni d’histoire réfléchissante mais d’histoire philosophique, du moins si on appelle «originale» la narration écrite, pour ainsi dire, du dedans de l’époque et «réfléchissante» celle écrite du dehors : j’emprunte cette distinction, bien-sûr, à un autre philosophe allemand, Friedrich Hegel.

Imagine-t-on une histoire originale de la raison parce qu’elle serait racontée du dedans de son enfance dogmatique? Imagine-t-on une histoire de la raison à la fois réfléchissante parce qu’elle serait racontée du dehors de son enfance dogmatique mais aussi originale parce que racontée du dedans de son adolescence sceptique?

Par histoire philosophique, entendons plutôt une histoire de la raison, du dehors de son adolescence sceptique, non seulement d’ailleurs sous l’aspect de l’intelligence mais aussi celui de la volonté et celui du sentiment, impliquant par conséquent l’idée de progrès, du moins si aller de l’enfance à l’âge adulte en passant par l’adolescence peut donner une certaine image du progrès.

Il est donc question de vérifier s’il y a des chances que l’humanité soit en constant progrès vers le mieux, en particulier dans le cadre du conflit entre la faculté de philosophie et la faculté de droit.

Pourquoi, en particulier dans ce cadre? Probablement parce qu’il était permis en 1798 et parce qu’il est encore permis aujourd’hui d’envisager des constitutions politiques plus conformes aux exigences de la raison que celles qui existent déjà, ce que le juriste ne peut guère concevoir, puisque, après tout, il enseigne le droit en vigueur.

 

Le fait est que ce qui n’est pas permis au juriste n’est pas interdit au philosophe. Mais à quoi bon, si cette perspective ne reste à jamais qu’un doux rêve? D’où la question de savoir ce qui pourrait aller contre l’idée que, même si nous ne vivons peut-être pas dans un siècle éclairé, nous sommes peut-être «en marche vers les lumières» pour reprendre la fameuse Réponse à la question : Qu’est-ce que les Lumières ? donnée par Kant dès 1784.

 

En fait, trois modèles de prédiction historique contrediraient, plus ou moins, le modèle progressiste :

  • celui (je cite la traduction d’Alain Renaut1) de la «continuelle régression vers le pire»,

  • celui du «progrès constant vers le mieux»,

  • celui de l’«éternelle stagnation».

  •  

Ce que Kant nomme dans le même ordre, s’agissant bien entendu du sens de l’histoire : «terrorisme», «eudémonisme», et «abdéritisme».

 

J’observe que, si la régression terroriste et le progrès eudémoniste sont des contraires, la stagnation abdéritiste n’est ni la régression ni le progrès.

 

S’il devait procéder par élimination, un partisan de l’eudémonisme, c’est-à-dire du «progrès constant vers le mieux», ne devrait-il pas tordre le cou d’abord à l’abdéritisme puis au terrorisme ? De deux contraires dont le tiers serait exclu, l’un des deux ne devrait-il pas être vrai et l’autre, faux? Le tiers exclu, l’abdéritisme ou le ni eudémonisme ni terrorisme. Le faux, le terrorisme. Le vrai, l’eudémonisme.

Pourtant, comme si, a priori, il ne s’inscrivait dans aucune de ces trois perspectives, pas même celle du «progrès constant vers le mieux», le progressisme de Kant le conduit à juger tour-à-tour intenables du point de vue de la raison dans l’ordre suivant : le terrorisme, l’eudémonisme et l’abdéritisme.

 

Si, dans le conflit entre les facultés de droit et de philosophie, le philosophe allemand choisit le progrès, ce n’est donc pas exactement au sens de l’eudémonisme. Ce qui reviendrait à dire que, même si, en fait, la stagnation, telle qu’on pourrait la déplorer, contredit autant la régression que le progrès, en droit, l’idée de progrès contredit la stagnation.

 

Voire, il y aurait des preuves, «et contre» la régression «et contre» le progrès de la raison, le monde ne progressant ni ne régressant, mais pas contre la stagnation! Voire encore, la raison n’aurait pas atteint l’âge des lumières mais l’âge d’être «en marche» vers les lumières, l’Aufkärung, en allemand !

 

Finalement, qu’on commence par lui, ou qu’on finisse par lui, il semble bien que l’abdéritisme soit incontournable, dès lors qu’on tient à l’idée de progrès : ni progrès vers le mieux, ni régression vers le pire, telle serait la stagnation. Ni eudémonisme, Ni terrorisme, tel serait l’abdéritisme auquel est confronté le progressisme kantien, qui ne renonce pas au progrès mais suspend sa prédiction, contrairement à l’eudémonisme qui le prédit, au terrorisme qui prédit son contraire (la régression), et à l’abdéritisme qui ne prédit rien d’autre que la stagnation.

 

Quand on ne prétend pas avoir la preuve directe ni du progrès, ni de la régression, ni de la stagnation, ce qui fait le plus problème, selon moi, c’est le rejet de la stagnation entendue au sens du Ni [progrès] Ni [régression], puisque nier la stagnation, ou du moins la refuser tout en refusant la régression, revient à accepter le progrès... mais, sans preuve !

 

Je dis, selon moi, car le chemin que je vais suivre, n’est pas celui qui a été suivi par d’autres avant moi. Je m’explique :

 

Je constate que, dans son livre intitulé La théorie Kantienne de l’histoire, Alexis Philonenko2 propose d’examiner (je cite) «les quatre perspectives suivant lesquelles l’histoire peut être pensée», présentes dans Le Conflit des facultés, «de la plus basse conception à la plus haute» à savoir :

 

  • La conception abdéritiste,

  • La conception eudémoniste,

  • La conception terroriste,

  • La conception progressiste.

Précisons : «de la plus basse [...] à la plus haute» par rapport aux difficultés rencontrées par la compréhension kantienne de l’histoire, Alexis Philonenko prenant à rebours l’ordre dans lequel Kant réfute les façons terroriste, eudémoniste et adbéritiste de se représenter l’histoire de l’espèce humaine.

 

Je constate au contraire que, dans un article de la Revue germanique internationale intitulé Le « Conflit des facultés » : contre le terrorisme et l’abdéritisme, une théorie des indices en histoire, Michèle Crampe-Casnabet3 soutient que «dans cette trilogie qui semble épuiser les conceptions possibles du sens de l’histoire [...] Kant [...] choisit le progrès» sachant d’une part que «l’expérience ne prouve pas la validité de ce choix» mais que, d’autre part, «il y a dans l’expérience des signes qui le légitiment».

 

En résumé, avec Alexis Philonenko, je comprends que la conception progressiste veut sortir de l’impasse des conceptions abdéritiste, eudémoniste et terroriste alors qu’avec Michèle Crampe-Casnabet je comprends que, pour ainsi dire, aller du rejet du terrorisme au rejet de l’abdéritisme revient à passer par la critique de l’eudémonisme.

 

J’aimerais proposer une troisième lecture possible : Kant finit par le rejet de l’abdéritisme, après avoir rejeté le terrorisme puis l’eudémonisme. Autrement dit, il refuse finalement le «ni terrorisme, ni eudémonisme», le Ni «continuelle régression vers le pire», Ni «progrès constant vers le mieux» après avoir refusé l’un et l’autre, pris séparément. Donc il y aurait un quatrième terme, qu’avec Alexis Philonenko on peut appeler «progressisme» mais dont, avec Michèle Crampe-Casnabet, on pourrait chercher les «signes».

Voici ce que je propose :

  • Premièrement, de montrer que c’est l’abdéritisme qui contredit le terrorisme,

  • Deuxièmement, de montrer que c’est l’abdéritisme qui contredit l’eudémonisme,

  • Troisièmement, de montrer que c’est l’abdéritisme qui, en contredisant le progressisme, lui pose un problème.

 

DÉVELOPPEMENT

 

1 C’est l’abdéritisme qui contredit le terrorisme

 

Revenons dans un premier temps sur le terme d’abdéritisme. Il renvoie à l’antiquité et à la ville d’Abdère dont Katerina Chryssantaki4, dans un article de la Revue des Études Grecques, intitulé Les trois fondations d’Abdère, décrit les visages, du dehors des trois époques considérées, d’un point de vue «réfléchissant» pour parler comme Hegel, en s’appuyant en particulier sur l’étude des monnaies.

 

Mais ce point de vue n’est pas le point de vue kantien. C’est (je cite Alexis Philonenko2) «le spectacle qu’offrait [...] Abdère» que désigne le mot d’abdéritisme. Alexis Philonenko cite d’une part Moreri, qui lui-même se réfère à Ovide et cite Martial, d’autre part Bayle tout en se référant à Cicéron. Quelle est en résumé la réputation laissée par les Abdéritains, à tort ou à raison ? Celle (je cite Kant dans la traduction d’Alain Renaut) de la «sottise affairée» voire (je cite Kant dans la traduction d’Alexis Philonenko) de la «démence affairée».

 

Michèle Crampe-Casnabet3, de son côté, parle de la «niaiserie inquiète des petites choses»: le Sénat d’Abdère n’avait-il pas appelé Hippocrate pour qu’il examine Démocrite, «le philosophe rieur»? Et Hippocrate, contre toute attente n’avait-il pas conclu (je cite Michèle Crampe-Casnabet) : «Démocrite est sage, ce sont les Abdéritains qui sont fous» ? Pour paraphraser Pascal, «la folie [des Abdéritains], c’est de ne pas être fou».

 

Mais quel est, au juste, le rapport avec la façon de se représenter l’histoire et avec l’hypothèse de la stagnation qui, selon Kant, (je cite la traduction d’Alain Renaut1) «pourrait bien avoir de son côté la majorité des voix»? Est-ce le scepticisme ? Est-ce le fait de se situer du dedans d’une époque qui serait «en marche» vers les lumières ? Quel rapport y a-t-il entre la folie de ne pas rire de tout et (je cite Kant dans la traduction d’Alain Renaut) «l’effort désespéré de faire rouler jusqu’au sommet le rocher de Sisyphe pour le laisser de nouveau retomber» ?

 

On pense bien-sûr à l’essai d’Albert Camus5 sur le suicide. A la fin de son livre, intitulé Le Mythe de Sisyphe, il conclut : «Il faut imaginer Sisyphe heureux.»… Encore faut-il pouvoir imaginer Sisyphe capable de rire de sa condition! N’est pas Démocrite qui veut! Ce que je veux dire, pour revenir aux abdéritains, c’est qu’ils tiennent peut-être leur réputation de leur affairement stupide car ils incarnent la crainte de se moquer de la stagnation.

 

En revanche, cette croyance ne refuse-t-elle pas avantageusement la «continuelle régression vers le pire» ? Kant semble balayer du revers de la main la conception terroriste en arguant que la régression vers le pire aurait forcément une fin. Le terrorisme, ce serait de croire à une régression vers le pire qui n’aurait pas de fin. Or personne ne peut y croire : soit! Mais parier sur la fin de la régression, cela ne revient-il pas au même, dans un premier temps, que l’abdéritisme, du moins si cette fin n’est pas définitive ?

 

Alexis Philonenko et Michèle Crampe-Casnabet apportent leur éclairage respectif.

 

Michèle Crampe-Casnabet analyse l’argument kantien contre la régression vers le pire : cet argument reposerait paradoxalement sur l’idée kantienne de «mal radical» car l’homme n’est pas voué à faire le mal, n’étant ni Dieu, ni Démon. Il est donc limité mais ce serait cette limitation qui serait défavorable au terrorisme.

 

Cette limitation, comme l’écrit Alexis Philonenko6 dans le tome second de son livre intitulé L’Œuvre de Kant, c’est peut-être (je cite) «l’impuissance humaine d’ériger en lois universelles ses maximes».

 

Impuissance implicitement contenue, selon moi, dans l’une des formulations de l’impératif catégorique kantien : «Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle !».

 

Il y a une différence entre vouloir que la maxime de mon action, c’est-à-dire le principe que je me donne pour règle, devienne une loi universelle et le fait qu’elle le devient. D’ailleurs le mode d’emploi de cette formule est, au sens logique, négatif : si je ne peux pas vouloir que la maxime de mon action devienne une loi universelle, je ne devrais pas suivre cette maxime, parce je ne peux pas faire comme si ma façon d’agir était généralisable sans contradiction.

 

Je peux bien, par exemple, me dire «Si quelqu’un vient te tuer, lève-toi plus tôt que lui pour le tuer!» mais je ne peux pas faire comme si cette maxime était généralisable sans contradiction. Si tout le monde devait tuer celui qui vient le tuer avant d’être tué par lui, pourquoi ne pas tuer mon voleur avant qu’il ne devienne mon meurtrier? Autant s’entretuer sans savoir qui a commencé. Au contraire, il n’est pas impossible de vouloir généraliser la maxime «Tu ne tueras point!». En revanche, force est de constater que l’humanité semble incapable d’ériger cette maxime en loi universelle.

 

Or cette limitation qui consiste à être incapable d’ériger le principe subjectif de son action en loi universelle empêche de voir dans l’homme un démon et d’adhérer à la régression vers le pire car comme l’écrit Michèle Crampe-Casnabet3 : «L’homme est un être de lutte, il n’est pas Dieu, mais il n’est pas le Démon. [...] Impossible en mécanique, le terrorisme l’est aussi en morale.». Autrement dit, impossible au pendule, impossible à l’Homme, précisément parce que l’homme n’est ni ange ni démon.

 

De son côté Alexis Philonenko2, analyse longuement l’argument kantien contre le terrorisme au sens de la régression vers le pire, en s’appuyant sur l’interprétation «diplomatique» (je cite Alexis Philonenko) par Kant de Rousseau qui, selon Alexis Philonenko (je le cite), «développe une conception apocalyptique de l’humanité», dans son Discours sur les sciences et les arts, hésite et revient à cette logique dans la Réponse au roi de Pologne, quand il écrit (j’extrais ma citation de celle faite par Alexis Philonenko) : « on n’a jamais vu de peuple, une fois corrompu, revenir à la vertu [...] ; il n’y a plus de remède, à moins de quelque grande révolution presque aussi à craindre que le mal qu’elle pourra guérir et qu’il est blâmable de désirer et impossible de prévoir».

 

Autrement dit, s’il est vrai que la régression vers le pire n’a pas d’issue, sinon la révolution, comme semble le penser Rousseau, alors force est de constater que Kant ne rejoint pas Rousseau. Il ne le rejoint pas puisque selon Alexis Philonenko2 «à la révolution il préfère la réforme, [...] Rousseau veut tout changer, Kant veut tout améliorer». C’est dans ce sens que le progressisme de Kant se renforce, étape par étape : contre l’abdéritisme, contre l’eudémonisme, contre le terrorisme. En revanche, sa philosophie de l’histoire permettant de comprendre Rousseau, paradoxalement «la conséquence directe est qu’on ne peut qualifier la conception de Rousseau comme conception terroriste de l’histoire»2.

 

Pourquoi ? Parce que ne pas vouloir de la révolution serait «retomber dans la conception terroriste de l’histoire»2. Avec Kant, on ne pourrait donc pas qualifier de «terroriste» la pensée de Rousseau, la pensée de la révolution disparaissant sous la pensée kantienne de la réforme. Pourtant cette conception est partiellement terroriste. C’est dans ce sens qu’on peut parler d’interprétation «diplomatique» de la pensée de Rousseau, l’intérêt de cette interprétation étant de déboucher sur le progressisme c’est-à-dire la conception qui peut s’énoncer ainsi : «Le problème du progrès n’est pas à résoudre immédiatement par l’expérience»1.

 

En résumé, on pourrait penser d’un côté avec Michèle Crampe-Casnabet qu’en choisissant l’eudémonisme contre le terrorisme et l’abdéritisme, le progressisme kantien se contente d’indices, faute de preuves de la validité de cette conception, tandis que de l’autre côté, avec Alexis Philonenko, on peut penser que c’est contre l’abdéritisme, l’eudémonisme et le terrorisme que s’affirme, crescendo, le progressisme kantien.

 

Pourtant, le lecteur constate que, dans Le conflit des facultés, en particulier le conflit entre les facultés de droit et de philosophie, Kant a déjà réfuté le terrorisme et l’eudémonisme quand il choisit d’aller contre l’abdéritisme. N’est-ce pas plutôt l’abdéritisme et non le progressisme qui s’oppose d’emblée au terrorisme, du moins s’il n’y a que trois conceptions possibles? L’abdéritisme, ce serait la conception la plus conforme à la métaphore du pendule sinon à celle du rocher de Sisyphe. Mais on objectera sans doute que l’abdéritisme n’est pas la seule conception qui rejette le terrorisme.

 

Pour Alexis Philonenko, c’est le progressisme de Kant qui rejette le terrorisme. Pour Michèle Crampe-Casnabet, c’est l’eudémonisme qui refuse le terrorisme. Selon moi, c’est l’abdéritisme qui rejette le terrorisme parce qu’il est sans issue : contre la continuelle régression vers le pire, l’éternel va-et-vient ne recueille-t-il pas la majorité des suffrages, en dépit de la stagnation que cela implique ?

 

C’est pourquoi l’argument contre le progrès constant vers le mieux rejoint, en partie au moins, l’argument contre la continuelle régression vers le pire, la formule condensée «impossible au pendule, impossible à l’homme» (pour paraphraser Michèle Crampe-Casnabet3) ne permettant pas pour autant, en bonne logique, de conclure que tout ce qui est possible au pendule est possible à l’homme. J’en arrive à la deuxième étape de mon propos c’est-à-dire à l’examen de l’argument contre l’eudémonisme.

 

  1. C’est l’abdéritisme qui contredit l’eudémonisme.

 

L’argument donné par Kant semble quantitatif : «la quantité de bien mêlée en l’homme avec le mal ne peut aller au-delà d’une certaine mesure de ce bien»1, du moins si on admet que cette quantité est toujours la même. Cet argument n’est-il pas celui de l’abdéritisme qui contredit l’eudémonisme après avoir contredit le terrorisme ?

 

Pour Alexis Philonenko, c’est le progressisme kantien qui contredit l’eudémonisme «après» avoir contredit l’abdéritisme alors que pour Michèle Crampe-Casnabet, c’est l’eudémonisme qui se contredit.

 

Selon, Michèle Crampe-Casnabet3 Kant raisonne par l’absurde : «Si l’eudémonisme était la juste conception, qu’adviendrait-il de la lutte des deux principes dans l’espèce humaine, de ce travail nécessaire des forces négatives qui la pousse à agir sans que son amélioration soit prédéterminée ?». Pourtant c’est bien au nom de cette contradiction que Kant refuse l’abdéritisme qui «prétend [...] que le bon et le mauvais principe s’équivalent, dans une permutation réitérative»3. C’est pourquoi, tout en choisissant le progrès, la conception kantienne revient à dire que, sans prouver la validité de ce choix, l’expérience donne des signes de sa légitimité. Ici le propos de Michèle Crampe-Casnabet rejoint celui d’Alexis Philonenko.

 

 

 

Alexis Philonenko, qui n’ignore pas où Kant veut finalement en venir, analyse longuement l’argument kantien contre l’eudémonisme, cet argument revenant à contredire Leibniz et Mendelssohn, selon lequel tout progrès serait compensé par une chute. Où Kant-il veut-il en venir ? Il veut en venir à l’énoncé suivant : «On ne peut immédiatement résoudre le problème du progrès par l’expérience»2. Autrement dit, «rien ne peut garantir à partir de l’expérience un progrès constant de l’histoire humaine»2. Par conséquent rien ne permet de prédire le progrès : «S’il était découvert que l’espèce humaine considérée dans sa totalité, a avancé et a été en train de progresser même aussi longtemps que l’on voudra, personne ne pourrait pourtant assurer que n’intervienne désormais, à cet instant précis [...] l’époque de son recul; et inversement»1.

 

 

 

Pour Alexis Philonenko, c’est bien le progressisme de Kant qui rejette l’eudémonisme. Pour Michèle Crampe-Casnabet, c’est l’eudémonisme qui atteint lui-même ses propres limites. Selon moi, c’est encore l’abdéritisme qui contredit l’eudémonisme, puisqu’il contredit l’un après l’autre, d’un côté, le terrorisme dont l’unique issue serait la révolution et, de l’autre côté, l’espoir vain entretenu par l’eudémonisme d’augmenter le poids du bien par rapport au poids du mal.

 

 

 

Du point de vue abdéritiste, les points de vue terroriste et eudémoniste se valent : la continuelle régression vers le pire et le progrès constant vers le mieux sont logiquement renvoyés dos-à-dos par l’éternelle stagnation, l’histoire n’étant ni en régression vers le pire ni en progression vers le mieux, dès lors que l’on ne peut exclure ni l’inflexion de la régression ni le recul de la progression.

 

 

 

Or on ne peut guère argumenter contre l’abdéritisme. Comme l’écrit Alexis Philonenko2 : « On ne peut pas argumenter théoriquement contre la sottise; quand on aura cru avoir déterminé un niveau auquel elle devrait s’arrêter, elle apparaîtra sous une nouvelle forme, et la philosophie elle-même, prétendu amour de la sagesse, n’est nullement exempte de cette tare qui affecte notre espèce. », autrement dit l’idiotie serait une limitation incurable. Mais c’est malgré tout de cette limitation que la raison tire ses arguments contre les points de vue terroriste et eudémoniste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’en arrive finalement à la dernière étape de mon propos.

3 C’est l’abdéritisme qui, en contredisant le progressisme, lui pose un problème.

Selon Alexis Philonenko, l’abdéritisme est la conception la plus basse dans l’ordre des raisons correspondant à «l’analyse préjudicielle de la compréhension de l’histoire»2. La «plus basse conception» de l’histoire au sens de «l’analyse préjudicielle» de sa compréhension mais qui peut «recueillir la majorité des voix»; «préjudicielle» au sens juridique, c’est-à-dire au sens du renvoi devant la juridiction la plus compétente; la «plus basse» au sens où la conception abdéritiste serait la moins compétente tout en étant la plus répandue, pour savoir si, oui ou non, l’humanité progresse à travers son histoire. La moins compétente, pourquoi ?

Quand l’eudémonisme répond «oui» [l’humanité progresse], quand le terrorisme répond «non» [elle régresse], l’abdéritisme ne répond «ni» par oui «ni» par non, conformément à la métaphore mécanique du pendule, au risque de mettre sur le même plan le «oui» et le «non», le bon et le mauvais, sans les confondre pour autant. Or ce refus de trancher, qui renvoie au rocher de Sisyphe, héros stupide dont «Kant n’imagine pas une seconde qu’on puisse le dire heureux»3, suppose que ce qui est possible en mécanique soit possible en morale. D’où, à l’inverse, l’ordre des raisons [abdéritisme, eudémonisme, terrorisme, progressisme] adopté par Alexis Philonenko, en dépit de l’ordre adopté par Kant [terrorisme, eudémonisme, abdéritisme] rappelé, sans le suivre, par Michèle Crampe-Casnabet, ce qui est possible mécaniquement n’étant pas forcément possible moralement. C’était pourquoi, au contraire, bien que le terrorisme et l’eudémonisme fussent mécaniquement inconcevables, il convenait de vérifier si c’était aussi le cas moralement.

Mais pourquoi, au-delà de l’ordre des raisons adopté par l’un ou l’autre, comparer ce qui est possible en mécanique et ce qui est possible en morale ? Je cite Kant : «Les planètes, vues de la Terre, tantôt suivent un cours rétrograde, tantôt stagnent, tantôt vont en avant. Mais si le point de vue est pris du Soleil, ce que seule la raison peut faire, elles poursuivent continuellement, conformément à l’hypothèse de Copernic, leurs parcours réguliers. [...]. Mais c’est précisément notre malheur, que de ne pas être capables de nous placer à ce point de vue, quand il s’agit de la prédiction d’actions libres»1.

Dans ce sens aucun des trois points de vue, abdéritiste, eudémoniste, terroriste, n’est à proprement parler le point de vue d’où on pourrait juger du progrès. Les points de vue eudémoniste et terroriste n’étant pas conformes à la métaphore héliocentrique et le point de vue abdéritiste lui étant bêtement conforme.

Pourtant c’est bien le point de vue abdéritiste qui a de quoi scandaliser puisqu’il illustre la difficulté de se placer du point de vue de la raison «quand il s’agit de la prédiction d’actions libres» : la stagnation serait possible en mécanique, contrairement à la régression vers le pire ou à la progression vers le mieux, d’après la comparaison entre les points de vue «de la Terre» et «du Soleil». Or ce qui est possible en mécanique, se placer du point de vue du Soleil, n’est pas possible en morale. Pourquoi ?

Simplement parce que l’homme ne peut prédire en morale que ce qu’il est capable produire. Je cite Kant : «Si l’on pouvait attribuer à l’homme une volonté innée et immuablement bonne, quoique limitée, il pourrait prédire avec sûreté ce progrès de son espèce vers le meilleur : car ce progrès porterait sur un événement qu’il peut lui-même produire. Mais en raison du mélange du bien et du mal dans ses dispositions, mélange dont il ne connaît pas la proportion, il ne sait pas lui-même quel effet il pourrait en attendre»1. La régression n’excluant pas l’inflexion, la progression n’exclut pas le recul.

Nous ne savons pas dire à l’avance si l’humanité est plus capable de progresser que de régresser. C’est pourquoi, en dépit de son incompétence préjudicielle, c’est l’abdéritisme qui pose le plus problème selon moi, car pris du point de vue du Soleil, le jour et la nuit se valent, mécaniquement parlant. Et comme, pris du point de vue de la raison, on ne peut dire la proportion du bien et du mal, il n’y a plus qu’à espérer que la quantité du mauvais soit plus derrière nous que devant nous. Autrement dit, il n’y a pas de leçon de l’histoire établissant que le bon et le mauvais s'équilibrent ou ne s’équilibrent pas, même si, moralement, c’est peut-être difficile à accepter.

Le problème avec l’abdéritisme, c’est que cette conception revient à faire comme si rien ne se passait, de progression en régression d’après la métaphore du pendule. Par exemple, vue du rivage, tantôt la mer monte, tantôt elle est étale, tantôt elle descend. Bien-sûr, il ne s’agit pas de prétendre qu’elle monte toujours, sauf quand elle continue de monter, ou qu’elle descend toujours, sauf quand elle continue de descendre, ou qu’elle est toujours étale, sauf quand elle n’a pas encore commencé ni à monter ni à descendre.

Cependant quand la question est de savoir si le genre humain est «en constant progrès vers le mieux», on peut soit répondre par «non», le genre humain continuant de régresser, comme la mer continue de descendre, soit répondre par «oui», le genre humain continuant de progresser, comme la mer continue de monter, soit ne répondre ni par «oui» ni par «non», le genre humain n’ayant commencé ni à régresser ni à progresser, comme la mer tant qu’elle est étale.

En revanche, l’argument contre l’abdéritisme porte-t-il contre la conception d’une histoire étale ou contre la conception d’une histoire cyclique et par conséquent stagnante ? Si l’abdéritisme pose problème, c’est bien au sens de la neutralisation de la progression par la régression «quand il s’agit de la prédiction d’actions libres», contrairement au mouvement des marées.

Si, par exemple, comparer le mouvement de l’histoire au mouvement des marées pose problème, c’est à cause de cette façon de se représenter les choses à la manière d’une scène sur laquelle la même pièce serait jouée et rejouée, «tant et si bien que le jeu tout entier des relations de notre espèce avec elle-même sur le globe devrait être considéré comme un simple jeu de marionnettes»1.

Ce qui serait à désespérer de la raison et de la liberté! D’où la nécessité, faute de preuves du contraire, de trouver ne serait-ce que des indices que l’humanité ne joue pas et ne rejoue pas la même pièce! C’est probablement le sens du parti pris par Kant, en faveur de la Révolution française, par rapport aux aspirations qu’elle traduirait : «N’a-t-elle pas en effet permis à un peuple de se donner la constitution politique conforme à sa volonté, une constitution républicaine»3?

 

CONCLUSION

Résumons-nous :

Le conflit entre les facultés de droit et de philosophie soulève la question du progrès moral et politique du genre humain vers le mieux, au siècle des lumières. Voici ce que Kant écrivait dès 1784 dans Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (je cite Kant traduit par Luc Ferry7) : «Nous sommes civilisés, jusqu'à en être accablés, pour ce qui est de l'urbanité et des bienséances sociales de tous ordres. Mais il s’en faut encore de beaucoup que nous puissions déjà nous tenir pour moralisés. Car [...] tant que des États consacreront toutes leurs forces à leurs visées expansionnistes vaines et violentes, tant qu'ils entraveront ainsi constamment le lent effort de formation interne du mode de pensée de leurs citoyens, [...] on ne peut s’attendre à aucun résultat de ce genre».

C’est pourquoi, à cette époque, Kant propose de considérer l’histoire du genre humain dans sa globalité comme «l’accomplissement d’un plan caché de la nature pour produire une constitution parfaite [...] d’après une Idée du cours que le monde devrait suivre s’il était adapté à certains buts raisonnables»7.

Or, comme il l’écrit en 1798 «nous avons affaire à des êtres auxquels certes se peut à l’avance dicter ce qu’ils doivent faire, mais ne se peut prédire ce qu’ils feront»1.

Certes, voir les choses du point de vue où elles iraient de plus en plus mal peut donner à la volonté le motif de faire mieux. En revanche, vu, si j’ose dire, de la Terre vue du Soleil, «ce qui s’est fait se refera, et il n’y a rien de nouveau sous le Soleil» comme dit La Bible. N’était-ce que si le genre humain peut se placer du point de vue du soleil pour ce qui est du cours immuable de la nature, cela n’est pas possible pour ce qui est du cours des actions libres, car pour paraphraser Raymond Aron, bien que les hommes fassent l’histoire «ils ne savent pas l’histoire qu’ils font». Ils ne la savent pas parce qu’ils ne peuvent pas se placer du point de vue du soleil «du bien», pour parler comme Platon.

Autrement-dit, l’erreur de l’abdéritisme consiste à vouloir prendre pour maxime une loi universelle de la nature (au lieu de vouloir ériger sa maxime en loi universelle), comme si la formule «il n’y a rien de nouveau sous le Soleil» pouvait servir de maxime au genre humain censé faire sa propre histoire, alors qu’il s’agirait plutôt d’aller contre le mal radical c’est-à-dire contre «l’impuissance humaine d’ériger en lois universelles ses maximes». Où donc, dès lors, «la sottise affairée» ?

En ceci que Ni le terrorisme, ni l’eudémonisme ne peuvent être érigés en lois universelles, puisque, au contraire, «il n’y a [jamais] rien de nouveau sous le Soleil». En revanche, il ne s’agit pas d’en conclure : «Il y a un temps pour aimer et un temps pour haïr; un temps pour la paix et un temps pour la guerre», comme dit aussi La Bible. Ce qui reviendrait à se placer en vain du point de vue de la Providence.

L’abdéritisme, cette relativisation sceptique de la régression vers le pire et de la progression vers le mieux semble donner lieu à un relativisme moral selon lequel, sans pour autant les confondre, le pire et le mieux se vaudraient, du point de vue de la Providence. En revanche, cette position a le mérite de ne pas choisir entre le bien et le mal, entre «l’Envers et l’Endroit», pour parler comme Camus. Et s’il ne s’agissait pas d’aller vers le bien mais d’aller vers le «préférable» pour parler comme Raymond Aron? (je cite) «Tous les combats politiques sont douteux. Ce n’est jamais la lutte entre le bien et le mal. C’est le préférable contre le détestable.», écrit Raymond Aron dans Le spectateur engagé8.

Certes l’abdéritisme est la position la moins compétente pour juger des progrès du genre humain, voire elle est aussi détestable que la coutume prêtée par Ovide aux Abdéritains : ne leur arrivait-il pas d’assommer à coup de pierres certains de leurs concitoyens (je cite Alexis Philonenko) «pour le salut des autres»? Et si la «sottise affairée» consistait finalement dans le statu quo? C’est-à-dire à ne pas vouloir que les choses aillent de mieux en mieux soi-disant de peur qu’elles aillent de pire en pire ?

Kant ne cache pas sa détestation pour l’abdéritisme. Or, ni le terrorisme, ni l’eudémonisme ne lui sont préférables, pour parler comme Raymond Aron. Par conséquent, qu’est-ce qui est préférable au «Ni pire, Ni mieux», si ce n’est pas ni «le pire», ni «le mieux»? Si Kant refuse d’imaginer Sisyphe heureux, n’est-ce pas parce que, comme il l’écrivait en 1788 dans Critique de la raison pratique (je cite Kant traduit par Luc Ferry et Heinz Wismann) «la morale n’est pas à proprement parler la doctrine qui nous enseigne comment nous devons nous rendre heureux, mais comment nous devons devenir dignes du bonheur» ?

Je m’explique : il ne s’agit plus de chercher la preuve que les choses iraient de mieux en mieux du côté de ce qui rend heureux mais à la rigueur les indices du côté de ce qui pourrait rendre digne d’être heureux. Y a-t-il des signes de cela ? Oui, semble indiquer le progressisme kantien. Si l’abdéritisme pose problème au progressisme, c’est parce qu’il est détestable de ce point de vue. On ne peut pas dire, du point de vue de ce qui pourrait rendre digne d’être heureux, que les choses aillent de plus en plus mal. On ne peut pas non plus dire qu’elles aillent de mieux en mieux. Mais il ne s’agit pas d’en conclure qu’elles stagnent. Or la formule «Il n’y rien de nouveau sous le soleil!», un peu comme la formule «Les voies du seigneurs sont impénétrables!» interdit en réalité de se placer d’un autre point de vue que celui du genre humain. Faut-il pour autant se résigner ?

On connaît la phrase d’Albert Camus dans L’Homme révolté : «La fin de l’histoire n’est pas une valeur d’exemple et de perfectionnement. Elle est un principe d’arbitraire et de terreur». C’est pourquoi, dans Le mythe de Sisyphe, contre l’eudémonisme, le terrorisme et l’abdéritisme, il propose d’imaginer Sisyphe heureux.

A la différence de Camus, Kant, dans Le Conflit des facultés, propose de sortir de l’abdéritisme grâce à ce qui indique de quoi le genre humain a le bon droit de se féliciter. Il se peut que les choses n’aillent pas de plus en plus mal sans qu’elles aillent de mieux en mieux. De là à convenir qu’elles stagnent entre le pire et le mieux! Certes nous ne pouvons pas nous dire «moralisés». Et, bien que les conditions dans lesquelles on pourrait s’attendre à ce genre de résultat ne soient pas encore réunies, rien n’empêche de le prophétiser.

Dans Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Kant écrit : «Le genre humain demeurera probablement dans cet état jusqu’à ce qu’il se soit [...] dégagé laborieusement de la situation chaotique qui caractérise les relations entre États»7. Reconnaissons au moins que, pour ce qui est d’être «moralisés», le progressisme trébuche sur l’abdéritisme. Certes, le genre humain n’a pas le choix entre le bien et le mal : reste le choix entre le préférable et le détestable.

Dans la conclusion qu’il apporte à la section où nous nous situons, dans Le Conflit des facultés, Kant se tourne vers Hume, qu’il cite approximativement : on sait l’ironie du philosophe écossais, à la fin de sa vie au sujet de sa «maladie mortelle». Le genre humain aspire-t-il à mourir d’une «guérison éclatante»? Les nations n’ont-elles rien de mieux à faire que de rentrer en guerre les unes contre les autres ? Qu’on se représente (je cite Hume cité approximativement par Kant) «deux individus ivres se frappant avec des gourdins dans un magasin de porcelaine»1 : quand ils en auront fini, ne devront-ils pas soigner leur bosses mais aussi payer les dégâts ?

C’est pourquoi, à moins de désespérer entièrement du genre humain,plutôt

que de céder à l’abdéritisme, il est permis d’opter pour le progressisme.

Yann SYLVESTRE, mai 2017

 

  1. Le conflit des facultés en trois sections, Emmanuel Kant, in Œuvres Philosophiques III, nrf Gallimard, trad. Alain Renaut

  2. La théorie Kantienne de l’histoire, Alexis Philonenko, Vrin

  3. Le « Conflit des facultés » : contre le terrorisme et l’abdéritisme, une théorie des indices en histoire, Michèle Crampe-Casnabet, Revue germanique internationale, mis en ligne le 09 septembre 2011, URL : http://rgi.revues.org/587

  4. Les trois fondations d'Abdère in Revue des Études Grecques, Chryssanthaki-Nagle Katerina, tome 114, Juillet-décembre 2001. pp. 383-406

  5. Le Mythe de Sisyphe, Albert Camus, folio essais, Gallimard

  6. L’Œuvre de Kant, Alexis Philonenko, Vrin

  7. Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, in Œuvres Philosophiques II, nrf Gallimard, trad. Luc Ferry

  8. Le spectateur engagé, Raymond Aron, Julliard

  9. L’Homme révolté, Albert Camus, folio essais, Gallimard

 

Partager cet article

Repost0

commentaires

Présentation

  • : sophia cholet
  •  sophia cholet
  • : SOciété de PHIlosophes Amateurs de la région de Cholet
  • Contact