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le penseur



L' Homme ne sera jamais parfait et la société idéale est utopique : on peut le regretter, mais finalement n’est-ce pas souhaitable car la poursuite d’un but jamais atteint est sans doute le seul remède à l’habituation, à l’indifférence et à l’ennui. C’est le propre de la condition humaine que de courir vers une finalité qu’elle ignore et d’avoir un imaginaire jamais actualisé et jamais satisfaisant.

L’ Homme :

L’ Homme est un animal conditionné à comportement prévisible  (Hanna  Arendt),  l’Homme est un animal sociable  (Delacroix), Pic de la Mirandole a dit que l’homme est cet animal qui a la charge et la dignité de devoir se finir lui-même :  c’est pour moi la meilleure définition. Darwin, quelquefois injustement contesté, affirme et démontre l’animalité de l’Homme. Incontestablement animal l’homme l’est : il en possède les capacités d’apprentissage par essais et erreurs, les instincts primordiaux et répond  comme lui à ses pulsions endogènes : se nourrir et assouvir sa sexualité suivant un rituel propre à son espèce. Chez lui ces propriétés communes aux mammifères sont transformées par des propriétés anatomiques et fonctionnelles résultant de la station debout, de l’utilisation de la main, de la possibilité d’articuler des sons et du langage. Avec celui-ci la conceptualisation, le symbolisme apparaissent et la possibilité de transmettre l’expérience acquise. L’espèce humaine émerge quand se développe quelque chose qu’on appelle aujourd’hui la culture : avec l’Homme naissent les langues et on voit tout de suite ce que le langage a de culturel. Avec les mots lui est donnée la possibilité de prendre des distances avec l’objet, la possibilité d’associativité donc de création d’imaginaire. Avec cet imaginaire la possibilité de créer de l’information et d’en façonner le monde inanimé.

Malheureusement le langage fournit seulement une interprétation logique des faits de conscience, les pulsions demeurant dans le domaine de l’inconscient et couvre de sa logique l’établissement des hiérarchies de dominance : les dominants ayant toujours de bonnes raisons pour justifier leur dominance et les dominés de bonnes raisons pour les accepter religieusement ou pour les rejeter avec violence. Par les artifices du langage, l’Homme peut aussi délivrer un discours de remplacement, une parole substituée qui  n’est pas le reflet de sa pensée profonde et installer ainsi le mensonge dans la cité pour séduire, vendre, obtenir, flouer.
On ne peut donner une idée de l’Homme sans parler de l’angoisse. Dans  une situation de stress l’animal réagit par l’action : la lutte ou la fuite déterminées par l’instinct. Lorsqu’elles ne sont pas possibles c’est l’équilibre de l’organisme vivant qui va en souffrir quelquefois jusqu’à entraîner la mort. Chez l’Homme dans la même situation le comportement est déterminé par son génotype et sa culture mais certaines raisons peuvent l’empêcher d’agir. La plus fréquente est le conflit qui s’établit entre ses pulsions et l’expérience de la sanction biologique, sociale ou économique qui peut résulter de leurs satisfactions : positive ou négative et dans ce dernier cas de la punition qui peut venir de l’environnement physique mais le plus souvent de l’environnement humain : de la socio culture, ces systèmes inhibiteurs des pulsions qui font appel aux lois civiques, à la peur du gendarme ou aux lois morales que la culture a érigées. Une autre raison qui peut l’empêcher d’agir est l’ignorance des conséquences de l’action. Comment se comporter devant un événement au sujet duquel il n’a aucune connaissance ? car l’expérience l’a rendu conscient que les évènements ne lui sont pas toujours favorables. Enfin l’Homme contrairement à l’animal peut se réfugier dans l’imaginaire et à partir de son vécu construire des scénarios tragiques dont il redoute la possible réalisation. Comment agir à l’avance pour se protéger d’un événement improbable bien que redouté ? Autre source d’angoisse par inhibition de l’action.
L’Homme est aussi, on peut le supposer, le seul animal qui sait qu’il doit mourir et l’angoisse qui en résulte est sans doute la motivation la plus puissante à la créativité. L’angoisse de la mort fait appel à tous ces mécanismes à la fois : ignorance du moment où elle surviendra, ignorance de ce qu’il y a après ou au contraire connaissance de sa venue prochaine  sans possibilité de lutte ou de fuite, nécessité si on est croyant de se  soumettre aux règles morales pour profiter agréablement de la vie dans l’au-delà et rôle de l’imagination bien alimentée par la civilisation judéo-chrétienne qui a tracé le tableau de cette vie, du passage de la vie terrestre au ciel, au purgatoire ou a l’enfer et pour l’athée convaincu au néant, tout cela ne pouvant trouver de solution dans l’action. L’ Homme ne sait d’où il vient, ni ou il va : il erre en tâtonnant dans le noir. C’est la raison à travers les âges du succès des religions, des mythes, des sectes, des voyants extralucides, car grâce à ce bric-à-brac ésotérique l’Homme peut agir pour soulager son angoisse. Il existe aussi dans la conscience humaine un goût du cosmique, une insatisfaction de ne pouvoir conduire le discours logique vers ses origines et vers ses fins, ce qu’on appelle : l’angoisse existentielle. Quel est le sens de la vie et celle particulièrement de l’espèce humaine ?
Devant l’incohérence de sa vie et l’injustice de sa mort l’Homme cherche une explication logique avec sa logique humaine : une explication que son observation ne lui fournit pas  Il trouve alors dans le mythe une thérapeutique de son angoisse. L’angoisse est donc à l’origine de la Foi,  car la Foi est capable de guérir l’angoisse en fournissant une réponse aux questions métaphysiques fondamentales et une règle de manœuvre. Mais une autre angoisse lui succède : celle du Péché  puni dans  l’autre monde. La Foi se transforme alors en religion. Ainsi naissent les dogmes à l’origine des sectarismes et des échelles de valeurs valables pour les seuls adeptes et de la fermeture de systèmes voués à la désintégration et à la mort. Ces mythes sont bien entendu entretenus par les dominants puisqu’ils tempèrent la révolte des dominés. D’où l’entraide fréquente des hiérarchies politiques et religieuses, chacune demandant à l’autre de l’aider à conserver sa structure.
La possibilité que possède l’Homme de créer de l’information à partir de son expérience mémorisée fait qu’il est avant tout un producteur : facteur de la réussite de l’espèce sur la planète. Ses rapports sociaux sont surtout des rapports de production. Pas seulement de biens marchands mais aussi de structures en apparence gratuites : on a donc divisé les activités humaines en activités techniques et artistiques. On parle de travail professionnel et de  culture. La culture c’est en principe ce qui ne se vend pas, un besoin inné qui fait accéder l’Homme à sa véritable essence, souvent un exutoire au malaise social, c’est l’expression de l’homme dans ses activités artistiques et littéraires dans lesquelles l’affectivité et l’imaginaire peuvent s’exprimer librement. L’Homme remplit pleinement son rôle d’Homme en parvenant grâce à son imagination créatrice à utiliser les lois du déterminisme au mieux de sa survie et de son plaisir et trouve dans la culture des compensations à l’absurdité de sa vie quotidienne. «Si c’est la raison qui fait l’Homme, c’est le sentiment qui le conduit» a dit Rousseau, sentiment ou passion établis sur des leurres  : vanité, ambition, réussite sociale, pouvoir, désir d’être toujours le plus fort voilà les motivations de l’Homme contemporain, être de désir qui insatisfait de son existence considérée dans ses seules limites matérielles recherche ailleurs la transcendance, la quête d’absolu ou autre chose pour sublimer ou donner un sens à sa vie. C’est aussi ce qui pousse certains  à s’engager dans le militantisme politique ou dans l’action syndicale mais ils doivent alors se plier au conformisme, faire allégeance aux leaders, aux chefs responsables et ne pas penser par eux-mêmes ou faire fonctionner leur imagination pour éviter de se faire traiter d’anarchistes ou même d’utopistes. L’ Homme moderne, si sa tendance au mysticisme n’est pas tempérée par quelques dispositions rationalistes, peut aussi se laisser entraîner dans une secte ou un groupement pseudo initiatique qui l’aident à donner un sens spirituel à sa vie dramatiquement désacralisée.
Enfin l’Homme seul, en tant qu’il est une personne, qu’il est responsable de ses actes et qu’il a une conscience, c’est-à-dire le sentiment même de soi peut faire de tout, y compris de lui-même, l’objet de sa connaissance.

La société :

Auguste Comte définit la société humaine par le culte des morts. On peut en effet considérer que lorsque des primates ont enterré leurs morts en mettant autour d’eux leurs objets familiers, dès ce moment ces primates méritent d’être appelés des Hommes. Une autre des caractéristiques essentielle de l‘espèce humaine repose dans une période de développement particulièrement longue au cours de laquelle l’enfant ne subsiste que grâce aux soins apportés par les adultes. Cette dépendance prolongée semble avoir favorisé le développement d’une organisation sociale articulée autour d’une cellule familiale dans toutes les sociétés humaines. L’existence d’une vie sociale est en effet un caractère favorable à sa survie, une exigence : un enfant séparé de tout environnement social devient un enfant sauvage qui ne sera jamais un homme. Car nous ne sommes rien sans les autres et en développant ensemble des conditions d’existence nous permettant de rechercher ce qui conduit à la perfection la plus grande, nous passons de l’état de nature dans lequel l’Homme est un loup pour l’Homme à un état civil lui permettant d’être un dieu pour l’Homme. On peut ainsi affirmer qu’à l’Homme rien n’est plus utile que l’Homme (Spinoza), mais en même temps que l’homme est l’être le plus nuisible à l’homme L'Homme est un loup pour l'Homme (Plaute). Dès que l’on met deux hommes ensemble sur le même territoire gratifiant c’est-à-dire où il peut s’approprier les objets et les êtres, il y a toujours un exploitant et  un exploité, un maître et un esclave. Dans notre monde ce ne sont pas des hommes que nous rencontrons mais des agents de production, des professionnels qui ne voient pas l’Homme en nous mais le concurrent, l’ennemi et vont tenter de nous soumettre en s’appuyant sur un groupe, une institution exprimant le conformisme, les préjugés et les lois socioculturelles du moment. Pourtant les hommes ne peuvent qu’atteindre les uns par les autres toute la perfection dont leur nature est capable.
L’absence de division du travail, la finalité identique de l’individu et du groupe donnaient à l’homme primitif une conception de l’autre, une conscience d’appartenir à un clan dont il faisait partie intégrante. La finalité de l’individu a commencé à se dissocier de celle du groupe quand l’information technique a servi de base à l’établissement des hiérarchies et l’individualisme.
Il faut observer que l’Homme n’est qu’un élément d’un ensemble, lui-même dépendant d’un grand ensemble qui constitue l’espèce. Quand chaque groupe humain aura-t-il compris qu' il ne peut avoir qu’un seul but : la survie de l’ensemble et non l’établissement de sa dominance sur les autres ?  Aucun d’eux n’est en effet représentatif à lui seul de l’espèce et ne détient à lui seul la vérité.
La structure sociale auquel appartient l’Homme d’aujourd’hui lui permet généralement, souvent il est vrai au minimum, d’assouvir ses besoins fondamentaux. Sa motivation première est celle d’assurer sa promotion sociale, son ascension hiérarchique. Comme ceci est loin de satisfaire le plus grand nombre, il essaie de compenser son insatisfaction par la possession d’objets de plus en plus nombreux, produits de l’expansion industrielle. Il est d’ailleurs nécessaire dans une société libérale que la masse consomme plus pour que les profits augmentent et que la hiérarchie de dominance se perpétue. C’est le principe suivi par la société de consommation : produire et consommer. Enfin soucieuse de conserver l’approbation des masses laborieuses, la société industrielle organise les loisirs qui constituent une nouvelle source de profit en détournant leur attention des problèmes existentiels. Travail, famille et loisirs organisés, voilà ce que la société a fait de la vie quotidienne de millions d’individus.

L’UTOPIE :

Heureusement  l’Homme à la différence de l’animal est perfectible mais s’il l’est, s’est-il   effectivement perfectionné dans le passé ? L’histoire offre-t-elle la preuve empirique de sa perfectibilité ? Notre époque est-elle supérieure à tous les points de vue aux autres époques de l’humanité ? Se heurtent deux conceptions religieuse et laïque de la perfectibilité de l’Homme : l’Homme double formé d’un corps et d'une âme est un lieu commun de la philosophie et de la théologie depuis Platon et saint Paul. Descartes met en place le dualisme de l’âme et du corps et donne à la connaissance une garantie divine, le plus haut degré de perfection de notre nature nous est donné à l’avance. Pour Locke au contraire l’esprit humain est une table rase, les idées les plus complexes naissent des sensations les plus simples, tous les sentiments moraux sur lesquels reposent les relations entre les hommes ont pour origine la tendance moralement neutre qui pousse l’être humain à rechercher ce qui lui procure du plaisir et à éviter ce qui lui cause de la peine. Il n’ y adonc pas de péché originel et l’homme est ce qu’il se fait et ce qu’il est fait par la société. L’amélioration de l’individu dépend de l’éducation et ne fait intervenir aucune prédisposition morale. Le mal n’a pas de réalité positive, il n’est autre que l’ignorance, le manque de connaissance, la méchanceté elle-même n’est que le résultat de l’ignorance : ce qui est pour moi contestable (discussion sans fin sur l’inné et l’acquis). Pour Turgot c’est la religion qui a répandu sur terre le germe du salut éternel, elle y a versé les lumières la paix et le bonheur. Condorcet adoptant le point de vue de Locke pense que ce sont les lumières de la raison qui conduisent vers plus de bien-être, de justice pour un nombre de gens de plus en plus grand, qu’il existe un sens de l’histoire et l’humanité qui s’améliore en est la traduction. Par des alternatives d'agitation et de calme, de biens et de maux, le genre humain marche sans cesse vers sa perfection. D'autres philosophes proposent une conception matérialiste de l'âme humaine, en particulier Gassendi qui va jouer un rôle décisif dans la diffusion de cette doctrine qui heurte de front l’enseignement de l’Eglise. Les philosophes utilitaristes affirment que nos actions sont motivées par la recherche du plaisir et que les déterminations de nos conduites ne dépendent pas d’états internes mais des circonstances extérieures en réagissant à l’environnement par des actions pour la plupart observables.

L’histoire montre que l’Homme s’est perfectionné au cours des siècles ce qui autorise à penser qu’il continuera à le faire dans l’avenir. La perfectibilité du genre humain s’est traduite lentement pour l’humanité par un progrès général : progrès des sciences qui a entraîné des progrès moraux, si on s’accorde à les définir en référence aux valeurs humanistes qui s’imposent aujourd’hui : liberté individuelle, justice, égalité sociale et politique, tolérance. Mais à mon avis il ne faut pas surestimer la puissance de la raison ou plutôt sous-estimer celle de la déraison et ne pas tenir compte de la perversité de l’Homme. Car les hommes continuent à s’affronter et à s’entretuer un peu partout dans le monde !  Que pouvons- nous dire sur le progrès moral dans nos sociétés actuelles qui ne soit pas en contradiction avec ce constat ?
Les découvertes scientifiques et les progrès techniques conduisent incontestablement vers plus de bien-être pour l’humanité mais leurs applications sont aussi porteuses de péril pour elle : moyens massifs de destruction, danger nucléaire, manipulations génétiques. Pas une seule découverte qui n’ait servi à l’Homme à perfectionner les moyens de s’autodétruire. Et il est clair que si nous avons tous la noble ambition de transformer la société, notre activité ne cesse de transformer la terre sans que nous puissions en calculer les conséquences irréversibles et que nous nous apprêtons à transformer l’Homme en manipulant son génome croyant savoir le faire de mieux en mieux. Cette sélection volontaire de l’humanité par elle-même provoquera vraisemblablement l’éclatement de la société et de l’économie. Quid du progrès moral ?
L’accroissement intensif des moyens de production a amené l’insécurité de l’emploi, le chômage, la pollution, l’exclusion, les effets pervers de l’économie de marché et de la mondialisation libérale. Quid du progrès social ?
Il faut d’abord se rendre à l’évidence : les problèmes sociologiques sont intimement liés aux problèmes économiques. Il semble du point de vue économique qu’aussi longtemps que la propriété privée ou étatique des matières premières de l’énergie et de l’information technique n’aura pas été supprimée, aussi longtemps qu’une gestion planétaire de ces trois éléments n’aura pas été organisée et établie subsisteront des disparités internationales. Un tiers seulement de l’humanité possède les richesses ou les exploite. Les isolats humains n’étant plus réalisables au stade d’évolution de l’espèce, une transformation du statut de l’individu n’est possible que si elle s’intègre dans une transformation synergique de tous les ensembles sociaux. La survie d’une nation isolée est inconcevable aujourd’hui parce que les systèmes englobant présentent des structures socio-économiques différentes de la sienne : il lui faut donc mondialiser son système et elle a besoin pour cela des autres, de toutes les autres. Malheureusement les échelles hiérarchiques de dominance serviront toujours de base à l’organisation des sociétés humaines, car les hommes se sont toujours entretués pour établir leur dominance ou la conserver. Celle-ci s’établit chez l’animal grâce à la force physique et à la ruse. Chez l’Homme s’il en fut longtemps ainsi, grâce à la propriété que possède l’espèce humaine de mettre en forme la matière inanimée pour en faire des produits, la dominance s’est établie dans notre société sur l’accumulation d’un capital  permettant la possession des moyens de production et sur le degré d’abstraction atteint par l’Homme dans son information professionnelle : base des hiérarchies économique et politique. Les sociétés socialistes dans les pays où elles se sont institutionnalisées n’ont pas fourni un exemple convaincant pour qu’on puisse sans hésitation s’inféoder à leur système et les sociétés capitalistes où le profit est une fin en soi permettent de conserver même s’exprimant différemment les échelles de dominance. Il semble que toutes les structures socio-économiques soient établies pour maintenir les différences entre les individus et les hiérarchies de pouvoir, les disparités économiques continuant de se perpétuer.
Les structures socio-économiques doivent donc être mondialisées et l’avenir n’est certainement pas au repli identitaire, au régionalisme, aux communautarismes, aux états nations. Les sociétés archaïques théocratiques doivent se laïciser. C’est un nouveau système de relations interindividuelles qu’il faut inventer en s’inspirant des échecs des systèmes précédents. Il faut sortir de cette logique économique qui recherche avant tout la rentabilité : la mondialisation doit être celle des peuples fondée sur le partage équitable des progrès et des richesses basée sur l’humanisme et la solidarité plutôt que sur l’égoïsme, le business et la finance. Le projet autogestionnaire universaliste pourrait être une solution. Il restera néanmoins à résoudre le système hiérarchique de dominance qui ne manquera pas alors de s’instituer sous le couvert sans doute d’une démocratie planétaire.
La société idéale n’existera donc jamais parce qu’il n’y a pas d’Hommes idéaux pour la constituer. Cela veut dire que l’Homme n’est capable de réaliser que des modèles utopiques : modèles qui apparaissent irréalisables tels qu’imaginés.

Homme, des millénaires ont participé à la construction de ton cerveau comme une cathédrale pour laquelle des  bâtisseurs se sont succédé au cours des siècles et avec ce peu de matière dont tu es constitué, tu résumes toute l’histoire du monde du vivant. Ce  que tu as fait de mieux depuis que tu es sur la terre c’est d’avoir inventé l’humanisme, l’esprit critique, la démocratie et la liberté, de t’être cultivé, d’avoir fait de la philosophie, des sciences et des arts et on doit espérer que le temps réalisera les espoirs des esprits éclairés qui se projettent dans l’utopie : rêver si ce n’est au meilleur des mondes au moins à un monde meilleur et lui donner une telle ressemblance avec le ciel qu’on pourra se passer de celui-ci. S’il est plus facile de dire que l’on aime l’Homme que d’aimer son voisin de palier et aussi plus facile d’aimer sa famille que le concept abstrait de l’Humanité, chacun d’entre nous doit pourtant agir sur l’histoire selon ses moyens, ses convictions et promouvoir dans sa propre sphère relationnelle cette valeur fondamentale qu’est l’humanisme : l’Homme d’abord, tous les hommes. C’est ainsi, comme l’a dit Albert Jacquard, que nous pourrons gagner notre Humanitude. 

                                                                                                                               
 J.F. BOYER                                                                                        mars 2005

 

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