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11 mai 2018 5 11 /05 /mai /2018 17:47

Aujourd'hui la mode est à l'autofiction, beaucoup de gens racontent leur vie avec un peu de vrai et beaucoup de faux dans une autobiographie, sur les réseaux sociaux ou dans les conversations courantes mais en ce qui me concerne je n'aime pas parler de moi. Je vais pourtant faire exception à ce principe pour répondre à l'exposé apologétique de monsieur Denis Moreau qui nous a expliqué pourquoi il était chrétien catholique. J'ai apprécié son ouverture d'esprit et son humour mais comme je ne partage pas ses convictions, je vais m'exprimer sur ce qui me sépare des croyants mais aussi des athées. Ce sujet est délicat car il touche à la sphère intime de chacun et mon premier devoir est de ne pas froisser les croyances religieuses qui peuvent être les vôtres. Le plan de mon exposé est en trois parties : pourquoi je ne suis pas croyant, pourquoi je ne suis pas athée et pourquoi je doute résolument.

1-Pourquoi je ne suis pas croyant

Partons de l'évidence que nous sommes tous des croyants (à l'exception des nihilistes mais ne croire en rien, c'est déjà croire à quelque chose) car les croyances, constitutives de l'espèce humaine, peuvent être autres que religieuses : adhésions à une hypothèse, approximations de ce qui est réalisable, etc. (voir sur le blog la leçon : Réflexions sur la croyance, la raison et la radicalité par Pierre Breton et Jean Michel Logeais) mais pour l'exposé j’utiliserai le verbe croire dans son sens religieux, au sens où un croyant est celui qui croit en Dieu et qui affirme son existence.

Croire ou ne pas croire ? La question portera donc sur la légitimité philosophique de la croyance religieuse.

D'abord il est indéniable que naturellement un enfant partage la religion de ses parents et je n'ai pas reçu des miens d'éducation religieuse pour apprendre à croire car on ne devient croyant en général que par contamination, notamment en étant éduqué par des parents eux-mêmes croyants. Il n’y a guère de croyants qui ne soient venus à croire autrement que par ce biais. Car de fait historiquement on est juifs, catholiques, protestants, musulmans… ou athées en famille. Cependant quelques non croyants deviennent croyants à l'âge adulte et l'inverse est aussi vrai car la liberté de conscience, garante de toutes les libertés religieuses, présuppose que les êtres humains en âge de raison sont libres de croire ou de ne pas croire. Or la plupart des religions ont bâti leur pouvoir sur l'embrigadement d'enfants trop jeunes pour disposer de cette liberté. Heureusement on ne m'a pas imposé de religion alors qu'enfant j'étais, comme les autres, dénué de toute vision critique et incapable de discerner le vrai du faux. Croire comporte en effet (d'une manière plus ou moins explicite) un jugement : c'est tenir pour vraie une proposition. En cela on peut se tromper car la proposition peut être objectivement vraie ou fausse et l'opposition du vrai et du faux ne dépend pas de nous par contre les conditions d'acceptabilité de la proposition sont subjectives. Pour ma part je pense que la croyance opposée à la raison est un jugement sans fondements mais peut-être utile aidant les croyants à surmonter les épreuves de la vie. Nous avons chacun une représentation de ce qu’est un croyant. Cette représentation varie en grande partie selon les cultures et les époques et n’attribue pas à tous les croyants les mêmes comportements ni, par suite, ne leur accorde le même crédit. Le croyant est-il un naïf illuminé, un bigot dogmatique ou bien une personne ouverte aux autres qui, au nom de l’amour qu’elle porte à une transcendance, est prête à renoncer à soi pour s'ouvrir aux autres ? Est-il quelqu’un d’irrationnel, intolérant et intransigeant, qui pratique un rituel sans que cela n’affecte positivement sa relation aux autres ou est-il au contraire un être emprunt de la sagesse, des valeurs d’humanité et de droiture de ceux qui furent à l’origine des religions monothéistes ? Sans aller jusqu’à ces extrémités, le croyant est-il un faible sachant qu’il va mourir, (comme l'a bien vu Denis Moreau) que ce savoir lui pose un problème et qui cherche dans un au-delà illusoire de quoi calmer sa peur ou un esprit valeureux s’efforçant tant bien que mal d’agir au mieux pour être à la hauteur de son idéal d’humanité ? On voit bien à la lumière de ces questions ce que peut avoir d’ambigu le simple fait de se dire croyant. Deux articles de foi (du latin fides confiance, adhésion totale à la croyance) distincts sont absolument essentiels à quiconque se qualifie de croyant. Le premier est de nature dogmatique, à savoir qu'il croit en Dieu, Allah, Yahvé ou à d'autres déités et à l'immortalité de l'âme, le second est une certitude profonde qui l'habite. Si l'on ne possède pas cette double conviction, on ne peut pas se dire croyant. Ma principale objection à la croyance, c'est que je ne pense pas que notre vie puisse être influencée par les interventions d'une puissance supérieure. En tout cas je n'ai rien en commun avec une certaine façon de se dire et de se vivre croyant. Quand la foi en la résurrection sert à dénier la mort, quand la communauté des chrétiens sert à exclure de sa réflexion ceux qui pensent autrement ou à éviter les questions qui diviseraient le groupe, concernant la vie des gens et les critères moraux, quand la foi est une façon de vivre sur des certitudes qui fonctionnent comme s’il s’agissait d’un savoir, aucun doute je suis un non croyant. On a vu que pour qu’une croyance soit rationnelle et non pas crédule, il faut une certaine correspondance entre le degré de possibilité objective (et pour la résurrection, ce n’est pas très élevé) et le degré de certitude subjective et bien sûr, pour que la foi en la résurrection ait assez de sens pour que quelqu’un engage sa vie sur cette conviction, la certitude doit être assez forte. La question de la foi se situe donc d’emblée du côté des paradoxes. Le rationalisme exige un effort résolu de remise en question des croyances dogmatiques pour éviter le danger pour l’autonomie des individus et le bien-vivre ensemble. Cela passe par une critique systématique des croyances hantées par l’absolu (dire le vrai, le bien et le juste en soi) et par la prise de conscience raisonnée du désir d’autonomie de chacun et de ses conditions formelles, culturelles, sociales et politiques. La croyance n’est pas la foi, me direz-vous, car la foi n’est pas «croire que» mais «croire en». Cette dimension de confiance et d’engagement n'élimine pas la question de la croyance comme prise de position, ce qu’a très bien vu Saint Augustin : le croyant est sûr que Dieu existe, il n'a pas besoin de preuve, il a la foi et pour devoir d'évangéliser. Ce soir c’est le contraire car c'est un incroyant qui vous parle et qui ne cherche pas à vous convaincre. Mes motivations sont uniquement mon intérêt pour l’exégèse des religions et les débats qui en résultent, mon désir de contrer, par l’information, des valeurs d’un autre temps érigées en dogme universel et intemporel qui ont plus d'effets négatifs que positifs et dans bien des cas empêchent largement le progrès (même si le christianisme biblique est un moindre mal à ce niveau-là), enfin un souci de vérité (je suis exaspéré par la désinformation religieuse). Aucune doctrine, aucune idéologie souvent intolérante ne peut prétendre être parfaite. Chacune a ses inconvénients, ses imperfections et un jour, je l'espère, les hommes auront compris qu’une partie en est inacceptable. L'idéologie chrétienne qui joue un rôle fondamental dans la société occidentale, au point que l'on parle d'Occident judéo-chrétien ou de civilisation judéo-chrétienne, ne fait pas exception.

Alors je pense qu'il n'est pas raisonnable de croire, pire d’y être obligé pour être sauvé, qu’une idéologie vient de Dieu, est parfaite, valable en tout lieu et en tout temps. Les conséquences d’une telle croyance peuvent être dramatiques (dérives innombrables : fondamentalisme, intégrisme fanatisme). Si je m'y intéressais vraiment, je pourrais peut-être envisager l'hypothèse de la causalité immanente et ce n'est pas une idée que je rejette absolument car je serais tenté de croire au dieu de Spinoza et d'Einstein qui n'est pas personnifié mais un principe omniprésent dans la nature qui se révèle dans l’ordre harmonieux de ce qui existe. «Je ne crois pas en un dieu personnel et je n’ai jamais dit le contraire de cela, je l’ai plutôt exprimé clairement. S’il y a quelque chose en moi que l’on puisse appeler “religieux” ce serait alors mon admiration sans bornes pour les structures de l’univers pour autant que notre science puisse le révéler(Albert Einstein). Mais ce que je rejette absolument, c'est l'idée qu'un dieu transcendant soit susceptible d'influencer les événements terrestres. Je ne crois pas que Dieu me parle et qu'il ait jamais parlé à personne, qu'il intervienne ni pour m'aider, ni pour me nuire dans les événements de mon existence. Je ne crois pas qu'il soit jamais intervenu dans l'existence de personne, non plus que la Bible, la Torah ou le Coran ont été écrits sous la dictée du Saint-Esprit, et que s'il s'y trouve des vérités, il s'agit de vérités que des hommes normaux peuvent comprendre et non qu'un grand manitou aurait révélées à quatre imposteurs : un nomade, éleveur de bétail [Abraham], un berger [Moïse], un médecin [Jésus] et un chamelier [Mahomet]. Je ne crois pas non plus que ces écrits soient la parole de Dieu. J'ai trop de respect pour l'idée d'un dieu pour lui attribuer le grand nombre de textes stupides ou haineux que l'on trouve dans les livres fondateurs des trois monothéismes. On aimerait vraiment y croire, sauf qu’il faudrait pour cela nier la manière dont Yahvé traite ceux qui ne sont pas son peuple élu, nier que le Coran est jalonné d'appels au meurtre des incroyants et nier que la croyance en Jésus soit érigée comme seule et unique voie d’accès au paradis (ce qui signifie l’enfer pour les autres). Je tiens pour extrêmement dangereuse l'idée que ces textes soient irréfutables, que nul n'aurait le droit de contester et je ne pense pas qu’un dieu juste nous jugerait sur notre degré de certitude à propos d’informations auxquelles nous n’avons pas accès. Surtout si en plus, comme dans le cas précis, les faits décrédibilisent le support qui rapporte des histoires extravagantes auxquelles il faudrait croire et tendent notamment à infirmer le postulat de leur origine divine sur lequel tout repose. La seule condition pour être sauvé est-elle de croire en dépit du bon sens ? Au contraire, je pense qu’un dieu juste préférerait que nous reconnaissions que nous ne savons pas quand il nous est impossible de savoir. Ce dieu ne nous jugerait pas en fonction de notre appartenance à telle ou telle religion ni même en fonction de notre croyance en lui. Selon moi la règle d'or est de ne jamais abdiquer son esprit critique et surtout pas au profit de textes écrits, il y a des milliers d'années, dans un contexte différent d'aujourd'hui. Tous les textes peuvent être critiqués sur le fond, quelle que soit leur authenticité réelle ou supposée. Ceci vaut pour la Bible –même pour ses passages les plus respectables. Si je suis d'accord par exemple pour affirmer la nécessité de l'amour du prochain, je n'admets pas qu'on m'interdise de m'interroger de temps à autre sur la validité de ce précepte. Croire c'est aussi parier et nul besoin de se référer au pari de Pascal pour en être convaincu puisque nous l'éprouvons tous les jours. Qu'est ce qui différencie les croyances ordinaires du pari sur l'existence de Dieu ? La seule différence tient à ce qu'on peut parier avec plus ou moins d'assurance en étant sûr de gagner ou en demeurant dans l'incertitude. Ex : je fais le pari que le soleil se lèvera demain : il est très peu probable qu'il ne se lève pas. C'est donc une question de rationalité : celle que nous enseigne Locke, de proportionner son assentiment au degré d'évidence possible. Alors le pari de la foi paraît irrationnel. Mais le croyant loin de chercher à réduire le manque d'évidence le revendique comme l'une des marques essentielles de sa foi. Il comprend autrement ce que signifie croire : est-ce que croire est l'expression d'un doute relatif ou une affirmation absolue ? Avoir la foi ce n'est pas croire au croyable mais plutôt à l'incroyable, telle est la surprenante logique qui fait de la foi un pari. «La foi est une croyance sans preuve dans ce qui est affirmé par quelqu'un qui parle sans savoir ou qui pense sans comparer.» Ambrose Bierce. Une autre chose que je réfute chez les croyants, c'est l'idée que l'homme est justifié par ce qu'il croit : «le juste vivra par la foi» (épître de Paul) et non par ce qu'il fait. Heureusement tous les croyants ne sont pas également bornés sur cette question (on peut notamment lire des choses assez nuancées là-dessus dans l'épître de Jacques : «C'est par les œuvres que la foi est rendue parfaite») mais tous pensent qu'il vaut mieux croire que de ne pas croire. Pourtant la croyance n'a jamais pu tenir lieu de sens moral qui seul est digne de respect et qui mériterait le paradis s'il y en avait un. En ce qui concerne les chrétiens, ils croient en la divinité de Jésus-Christ, c'est pour cela qu'on les appelle des «croyants» mais ma position cohérente est de trouver seulement au christianisme un intérêt culturel et historique et ce que je lui reproche, c'est qu'il ne peut pas supporter d’autres philosophies que la sienne. L'attitude constamment répressive de l'Eglise chrétienne vis-à-vis de toutes les tentatives de dissocier la philosophie de la religion (ce qui est tout-à-fait logique, d'ailleurs, pris de son point de vue, dans la mesure où toute "ouverture" tendant à permettre de philosopher –c'est-à-dire : penser par soi-même..-- constituerait un danger mortel pour l'institution ecclésiale, puisque, d'après les textes canoniques eux-mêmes, la foi a été érigée en dogme intangible depuis le Concile de Nicée en 325 --ce qui est le contraire-même du questionnement philosophique. Je ne suis pas d'accord non plus avec la réponse à la question prémium : les chrétiens sont dualistes car la séparation de l’âme et du corps est indispensable à la crédibilité d’une vie après la mort. Ceci rend possible la résurrection, base du christianisme. Il n’y a donc pas place pour les pensées monistes et matérialistes auxquelles j'adhère. Enfin je pense comme Michel Onfray que les cantates de Bach ("S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach c'est Dieu" Cioran) et les cathédrales (révélation de l'invisible par le visible) sont des choses très belles mais que le christianisme comme les autres religions est fondé sur l'irrationnel. Je cite Friedrich Nietzsche : Dans le christianisme, ni la morale, ni la religion ne touche à un point quelconque de la réalité. Rien que des causes imaginaires («Dieu, «l’âme», «moi», «esprit», «libre arbitre» — ou même l’arbitre qui n’est «pas libre»); rien que des effets imaginaires («le péché», «le salut», «la grâce», «l’expiation», «le pardon des péchés»). Une relation imaginaire entre les êtres («Dieu», «les Esprits», «l’âme»); une imaginaire science naturelle (anthropocentrique ; un manque absolu du concept des causes naturelles); une psychologie imaginaire (rien que des malentendus, des interprétations de sentiments généraux agréables ou désagréables, tel que les états du grand sympathique, à l’aide du langage des signes d’idiosyncrasies religieuses et morales, — («le repentir», «la voix de la conscience», «la tentation du diable», «la présence de Dieu»); une téléologie imaginaire («le règne de Dieu», «le jugement dernier», «la vie éternelle»). — Ce monde de fictions pures se distingue très à son désavantage du monde des rêves, puisque celui-ci reflète la réalité, tandis que l’autre la fausse, la déprécie et la nie. Après que le concept «nature» fut inventé en tant qu’opposition au concept «Dieu», «naturel» devint équivalent à «méprisable», — tout ce monde de fictions a sa racine dans la haine contre le naturel (— la réalité! —). elle est l’expression du profond déplaisir que cause la réalité… Mais ceci explique tout. Qui donc a seul des raisons pour sortir de la réalité par un mensonge ? Celui qu’elle fait souffrir. Mais souffrir, dans ce cas là, signifie être soi-même une réalité manquée… La prépondérance du sentiment de peine sur le sentiment de plaisir est la cause de cette religion, de cette morale fictive : un tel excès donne la formule pour la décadence…

Malgré cela les croyants sont de plus en plus nombreux dans le monde (85%) :Yahvé, Dieu , Allah.drainent les foules. Les religions monothéistes reposent sur deux idées fondamentales : une révélation faite à un homme ou à des hommes par une divinité, des dogmes basés sur cette révélation et enseignés par des prêtres qui en sont dépositaires. Tant que l'esprit humain accepte les deux idées sans discussion, ces religions prospèrent : ne seraient-elles pas alors cette conscience tragique de la condition humaine ? Le noyau de la croyance réside dans l'affirmation qu'il y a un être suprême, transcendant, auteur de ce qui est et fondement ultime des valeurs : Dieu. Dès lors dire «je crois en Dieu», c'est affirmer qu'il existe, c'est affirmer la réalité de l'objet de ma croyance. Mais existe-t-il une preuve ou une démonstration de l'existence de Dieu ? Si tel n'est pas le cas, reste la foi c'est-à-dire la certitude intime de son existence. Mais la foi vaut-elle preuve ? Quelle peut être sa légitimité en face des exigences de la raison en matière de vérité ? Si la foi autorise des limites dans la raison humaine, ces limites justifient-elles l’affirmation de l’existence de Dieu ? N'y a-t-il pas des dangers à s'affranchir de tout contrôle de la raison sur des sujets aussi essentiels ? Peut-on prouver l'existence de Dieu ? Une preuve est un fait matériel, mis en évidence par l'expérience et permettant de valider ou d'invalider une hypothèse. Y en a t il une ? Non, il n'y a que des arguments tous réfutables sur lesquels est passé trop rapidement Denis Moreau.

L'argument de la cause première ou l'argument cosmologique :

les premiers défenseurs de cette ligne de raisonnement étaient Platon, Aristote et Thomas d'Aquin. Elle est fondée sur l'hypothèse que tout ce qui existe en ce monde a une cause et qu'en remontant la chaîne des causes on arrive à une cause première causée par rien à laquelle elle donne le nom de Dieu. Or si tout a une cause, alors Dieu aussi doit avoir une cause.

L'argument de la loi naturelle :

ce fut un des arguments favoris du 18ème siècle, spécialement dû à l'influence d'Isaac Newton et de la cosmogonie. En observant les planètes qui tournaient autour du soleil, on pensa que Dieu avait donné à ces planètes l'ordre de se mouvoir de cette manière particulière et que telle était la raison de leur mouvement. C'était là évidemment une explication aussi commode que simpliste et qui épargnait l'ennui de rechercher plus loin une explication de la loi de gravitation. De nos jours, on l'explique d'une façon assez complexe introduite par Einstein.

L'argument finaliste :

le hasard ne peut pas être à l'origine des choses, de leur ordre, de leur harmonie. D'où le finalisme ou doctrine des causes finales. Le terrain de prédilection du finalisme, c’est l’explication des phénomènes naturels, de leur ordre apparent : boutade d'Henri Monnier : «La nature est prévoyante : elle a fait pousser la pomme en Normandie sachant que c'est la région où l'on boit le plus de cidre». Voltaire se moque lui aussi du finalisme : «Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes ; aussi avons-nous des lunettes». L'argument finaliste affirme que le hasard ne peut pas expliquer l’existence des êtres vivants. D'où l'affirmation : il existe d'une intelligence organisatrice supérieure dans l'univers et qui en est l'auteur ? Dieu. Sauf que ce raisonnement est scientifiquement et philosophiquement faux. Sur le terrain des sciences, on apprend que la sélection naturelle et la mutation aléatoires sont les deux mécanismes aveugles qui expliquent la transformation et la conformation des êtres vivants. Le fait de l’évolution et la compréhension de ses mécanismes excluent toute idée de finalité. La cellule, base du vivant, est cartésienne dans son fonctionnement, elle se construit grâce à des mécanismes de traduction de l’information génétique en protéine ; aucune âme, aucune force formatrice ou principe mystérieux ne l’anime. Sur le terrain de la philosophie, la doctrine finaliste est une illusion anthropomorphique, comme l’a définitivement établi Spinoza dans l'Éthique. On ne saurait donc tirer de l'observation de la nature aucune preuve de l'existence de Dieu.

L’argument ontologique :

on le doit à un théologien Anselme de Cantorbéry : Dieu étant par définition l'être suprêmement parfait, il serait contradictoire qu'un tel être n'existât pas (car alors il ne serait pas l’être suprêmement parfait) donc Dieu existe nécessairement. Ce qui revient à dire : je peux concevoir le concept d'un être parfait et comme je puis le concevoir, alors nécessairement cet être existe car sinon ce serait contradictoire avec la possibilité de le concevoir. Cet argument confond deux ordres : celui de la pensée et celui de l'être, c'est-à-dire l'objet conceptuel et l'objet physique. Il y a une différence entre l'ordre de la conception des choses et celui de leur existence. Définir Dieu comme parfait ne permet pas de conclure à son existence.

L'argument téléologique ou du dessein intelligent :

les philosophes grecs débattaient déjà sur l'argument selon lequel l'ordre et la complexité de la nature indiquent un dessein volontaire. Voltaire l'exprime en des termes assez simplistes : «Si une montre prouve l'existence d'un horloger, mais que l'univers ne prouve pas l'existence d'un grand architecte, alors je consens à être appelé un imbécile». Pour Hume, cet argument n’est pas valide, car l’univers étant unique, on ne peut pas le comparer à un autre et l’on n’a jamais expérimenté la formation d’un univers. On ne peut donc rien en déduire. Les critiques démontrent en effet que l'hypothèse du dessein intelligent repose sur des éléments qui ne peuvent être reproduits ni observés et n'est rien de plus qu’une théorie créationniste sans fondement scientifique.

S'il n'y a aucune preuve de l'existence de Dieu, peut-être qu’une démonstration en serait possible ? Une démonstration, c'est à dire un enchaînement de propositions qui se déduisent logiquement les unes des autres et qui conduisent à une conclusion nécessaire. La démonstration est abstraite et entièrement a priori. C’est par excellence l’outil des mathématiques et de la logique. A l'inverse la preuve est matérielle et a posteriori, elle s’obtient par l'observation des faits ou par une vérification expérimentale. La preuve est concrète, a posteriori elle implique l'expérience de l'objet, sa matérialité. Exemple : cette table existe, je peux la toucher. Or si Dieu est transcendant, omniprésent, immatériel, on ne peut l'établir -s'il existe- que par le raisonnement pur, de façon entièrement a priori (indépendamment de toute expérience). L'existence ne se démontre pas par le raisonnement mais par l'expérience : l’existence de Dieu ne peut donc pas se démontrer.

En résumé on constate qu'il est impossible d'établir rationnellement l’existence de Dieu ni par une démonstration ni par une preuve. Il ne reste donc plus que le chemin de la foi. La foi : cette croyance totale et aveugle dans une vérité mythique transcendantale, la foi qui ne requiert pas de démonstration puisque construite avec des axiomes et des dogmes. Toutes les religions fonctionnent sur ce concept.

La croyance peut-elle donc avoir une légitimité ? Elle est un jugement sans fondements, une idée admise sans être examinée. Si nous prenons le terme de raison dans son sens strict, il n'existe aucune raison de croire puisque aucune preuve ni aucune démonstration de l'existence de Dieu ne peuvent être produites par la raison. Si nous prenons le terme raison au sens d'un motif, d'une justification, de ce qui donne un sens à une attitude, alors la foi religieuse peut être légitime comme système de valeurs engageant les croyants à remplir leurs devoirs envers autrui pour plaire à Dieu. Mais il ne faut pas perdre de vue que, dans ce cas, la foi ne reste pure et légitime qu'en acceptant l'autorité de la raison et qu'elle reste dans son principe inférieure à la philosophie. Le premier pas vers la philosophie, c'est l'incrédulité a dit Diderot. Car la philosophie est une discipline rationnelle, c’est-à-dire qui se fonde sur la capacité de la raison à connaître le réel. Elle ne fait donc jamais appel à la foi. La religion ne saurait donc constituer, du point de vue de la raison, une réponse satisfaisante à l’exigence de vérité de l’esprit humain ni au problème du sens de son existence. Et que vaut la foi en face des exigences de la pensée, du sens humain de la vérité ? La question revient à se demander si le croyant peut ou non arguer de sa foi, c’est-à-dire en faire un argument prouvant l’existence de Dieu et donc exiger d'autrui qu'il l'admette pour cette raison. Mais peut-on, de bonne foi, affirmer l'existence de Dieu par sa foi ou bien la foi est-elle de mauvaise foi dans les deux sens que peut avoir cette expression. Car être de mauvaise foi c'est soit ne pas reconnaître qu'on a tort alors qu'on le sait ; soit, au sens de Sartre, refuser d'assumer la contingence et la liberté, le sentiment interne d'incertitude, d'indétermination de son être. Cela tient à la nature même de la foi qui est une forme de croyance et qui comme toute croyance est autre qu'un savoir : la foi est une certitude intime, une acceptation volontaire et assumée de son ignorance. La foi s'affirme et en s'affirmant elle affirme la réalité de son objet, sans pouvoir se prouver ou se démontrer, sinon elle serait un savoir ; elle s'affirme en l'absence de raison déterminante voire en dépit de toute raison, d'où la formule apocryphe «credo quia absurdum» (je crois parce que c’est absurde) qui est la devise de l'homme de foi. C'est ce que dit Pascal dans Les pensées: "La foi est différente de la preuve; l'une est humaine, l'autre est le don de Dieu. C'est cette foi que Dieu lui-même met dans le cœur, dont la preuve est souvent l'instrument; mais cette foi est dans le cœur, et fait dire non "scio", mais "credo". Dès lors la foi ne se ne se prouve pas, c'est une conviction individuelle et subjective.qui ne se communique pas (on ne peut convaincre autrui d'avoir la foi).

C'est pour moi une illusion consolatrice, d'où un 1° problème :

  • Si avoir la foi c'est affirmer l'existence de Dieu en dépit de toute raison, n'est-elle pas alors une attitude irrationnelle semblable à la superstition ? Sinon quelle légitimité peut avoir la foi ? La foi est la forme la plus élevée de la conviction, l'objet de la foi étant l'absolu (Dieu).

d'où un 2° problème :

  • Si la foi porte au paroxysme la force de la conviction et ne s'autorise que d'elle-même, n'est-elle pas alors la source de tous les fanatismes ?

    Je tiens à préciser à ce moment que je respecte toutes les croyances religieuses quelles qu'elles soient mais je pense qu'elle peuvent être critiquées en tant qu'elles s'opposent au savoir et que les préjugés irrationnels sur lesquels elles reposent méritent d'être combattus. Ce n’est pas la religion que je respecte mais les gens qui croient, ce qui n’est pas la même chose car toutes les religions connaissent des dérives sectaires et pour cela je n'ai pas la moindre considération pour le refus de l'autre que sont les intégrismes, fondamentalismes, islamismes et fanatismes (concepts aussi dangereux que des armes).

 

2-Pourquoi je ne suis pas athée

 

Intéressons nous maintenant à la doctrine athéiste niant l'existence de quelque dieu ou divinité que ce soit. L’athéisme (du grec privatif et de ς dieu ) est une croyance négative et pas plus que la croyance en un dieu ne constitue une entité monolithique et indifférenciée. Il y a maintes raisons qui conduisent un homme à se dire athée mais toutes ne se valent pas ; toutes, en particulier, ne présentent pas le même niveau de rationalité. A voir certains représentants théophobes de l’athéisme militant, il est des façons d’être athée qui présentent de fortes accointances avec le dogmatisme religieux : certains sont d'ailleurs d'une intolérance qui ressemble étrangement à celle religieuse qu'ils prétendent combattre. Pourtant les athées sont dans nos sociétés modernes en meilleure posture que les croyants. Dieu en effet n'habite plus le monde des européens : désenchantement, sécularisation. Ni les intégrismes, ni les folies salafistes, ni le néo paganisme new age de certains occidentaux ne permettent de penser qu'il y a une inversion réelle de la tendance au déclin de la foi. «Dieu est mort» proclame Nietzsche mais certains peuvent penser à sa disparition momentanée. Et il ne suffit pas de se déclarer athée pour liquider le problème récurrent de la présence de ce célèbre disparu dans nos esprits car son cadavre est immense. «L'athéisme, écrivait Sartre, est une entreprise cruelle et de longue haleine». Certains des plus grands noms de la pensée se sont engagés à adopter les concepts les plus forts du monothéisme. Les philosophes ont d'abord pensé à un dieu organisateur d'Aristote à Leibniz, à celui du cœur de Pascal à Kierkegaard. Puis la foi dans le progrès aidant, la philosophie s'est passée de Dieu. Au 19ème siècle Dieu ne fournit qu'une consolation illusoire (Marx, Freud). Au 20ème le vide devient abyssal, le dieu de la morale s'absente définitivement : «Dieu est mort au bout de la corde d'un bourreau à Auschwitz» écrit Élie Wiezel. Quant au pardon si important pour les chrétiens et Denis Moreau, je suis plutôt d'accord avec Jankélévitch : «il est mort lui aussi dans les camps de la mort». Dans L'imprescriptible il écrit : «Lorsqu'un acte nie l'essence de l'homme en tant qu'homme, la prescription qui tendrait à l'absoudre au nom de la morale contredit elle-même la morale. N'est-il pas contradictoire d'invoquer ici le pardon ? Oublier ce crime gigantesque, ce crime contre l'humanité serait un nouveau crime contre le genre humain». Une nouvelle pensée de Dieu rejaillit donc du côté de philosophes radicaux comme Alain Badiou qui fut mon professeur et parle de «fable» à propos de la révélation ou Slavoj Zizek dans Fragile absolu ou pourquoi l'héritage chrétien vaut il d'être défendu qui tente de réhabiliter la notion d'infini pour la penser d'un point de vue matérialiste. C'est tout le noyau révolutionnaire du christianisme que ces athées cherchent à extraire dans l'espoir d'ouvrir de nouveaux types d'espaces collectifs. Dieu devient un dieu, notion sans dogme ni credo, sans révélation, un dieu vide et c'est ce qui fait son attrait nouveau. «On n'a plus besoin de croire en Dieu, énonçait Deleuze, nous cherchons plutôt la structure, c'est à dire la forme qui peut être remplie par les croyances mais qui n'a nullement besoin de l'être pour être dite théologique». Beaucoup de choses me paraissent erronées dans la philosophie des athées et font que je n'adhère pas à leurs idées. Les athées affirment que le monde où nous vivons est le produit du hasard (théorie Darwinienne de l'évolution). Eh bien même si je ne suis pas croyant, je suis absolument convaincu du contraire. Plus je m'interroge sur la question, plus je reste convaincu que jamais le hasard n'aurait pu élaborer des choses aussi compliquées et cohérentes, des phénomènes aussi logiques que la matière, les phénomènes ondulatoires, la vie, la reproduction sexuée, les arborescences végétales, les fonctions de l'organisme. Cela a pour moi un caractère d'évidence. Les athées affirment que le hasard peut engendrer des phénomènes aussi complexes, pourvu qu'on lui laisse quelques milliards d'années pour y parvenir. Je tiens cette affirmation pour un dogme scientiste -aussi idiot que celui de l'immaculée conception -et une impossibilité statistique ou, si l'on préfère, pour une extravagante idée -aussi stupide que celle de la création du monde en six jours. Les athées ne disposent bien évidemment d’aucune preuve leur permettant d’affirmer que la science pourra un jour répondre à la grande question de Leibniz «Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ?» mais ils s'accrochent à cette croyance. Les anti réductionnistes, contrairement à Jacques Monod, ne croient pas que ce miracle sera élucidé par le hasard et ils viennent de tous horizons, du fondamentaliste biblique au généticien ou au statisticien le plus chevronné en passant par l'homme de foi, par Socrate, Platon, Voltaire...et souvent l'homme de la rue comme moi. A mon avis, nous ne savons tout simplement pas pourquoi le monde existe, ni pourquoi il est tel qu'il est, les liens de causalité nous échappent. Peut-être le saura-t-on un jour mais actuellement nous l'ignorons. Sur le plan scientifique, on devrait d'ailleurs se contenter d'affirmer notre ignorance sur la question et en déduire qu'il est nécessaire de poursuivre les recherches sans pour autant se rabattre sur des explications irrationnelles. Il y a bien des façons d'être ou de ne pas être athée et en les confondant on se perd dans des débats interminables et vains sur l'opportunité d'attribuer ou de refuser cette appellation à quelqu'un. Formellement on pourrait qualifier d'athées uniquement ceux qui nient l'existence de Dieu. Mais la procédure est trop grossière et ne convient pas. Plusieurs de ceux qui posent l'existence d'un dieu paraissent en réalité plus athées que ceux déterminés à n'en reconnaître explicitement aucun. On a violemment attaqué comme athées des penseurs qui faisaient de la thèse de l'existence de Dieu la pierre angulaire de leur philosophie, comme c'est le cas pour Spinoza,. tenons-nous en à celle qui définit la religion dans laquelle se trouvent pris les philosophes de la Renaissance et de la modernité : le christianisme. Pour les chrétiens, il ne doit y avoir qu'un seul Dieu qui est une personne douée de pensée et de volonté ; il est le créateur du monde et le conduit en fonction de ses desseins; il s'intéresse à sa création et il régit les hommes, les punissant et les récompensant dans cette vie et surtout après la mort ; il a suffisamment d'affinité avec la nature humaine pour être devenu homme lui-même quoique paradoxalement et révéler par l'exemple la voie du salut : il a donné sa révélation dans un livre sacré. Celui qui nie d'un coup l'existence d'un tel dieu est évidemment athée mais également ceux qui se contentent de nier certaines de ses propriétés ou qui ne reconnaissent pas la morale qu'il est censé nous dicter. Car alors, quoique reconnaissant l'existence d'un dieu, ils ne reconnaissent pas celle du vrai Dieu, de sorte que, en vérité, ils nient son existence et même l'existence de tout dieu, vu que pour les chrétiens, il ne peut y en avoir qu'un seul. On devrait pouvoir être athée tout en admettant qu'on ne comprend pas. Ce qui m'exaspère chez les athées, c'est qu'ils n'ont jamais l'honnêteté d'admettre qu'ils sont en présence de phénomènes dont la complexité dépasse notre entendement, qu'ils rejettent les religions en bloc au lieu d'en faire la critique. A mon avis on a raison de faire observer aux catholiques que l'histoire de leur religion se confond pratiquement, au moins en Europe et en Amérique latine, avec l'histoire de l'intolérance. On a raison de leur dire que leur prétention à détenir la vérité a été la cause d'innombrables massacres, des croisades, de l'inquisition aux pogroms, en passant par la conquête du Mexique et du Pérou, la Saint-Barthélémy, les dragonnades et les sorcières de Salem etc.. Bien sûr tout cela est du passé et les catholiques contemporains n'en sont pas responsables. Mais la croisade actuelle et l’acharnement du Vatican contre le droit à l’avortement, à l’usage des préservatifs et des contraceptifs, au mariage pour tous et à celui des prêtres n’est certes pas le plus grand titre de gloire des successeurs les plus récents de Saint Pierre et montre seulement l’obsolescence de leur doctrine. Que les athées rejettent les croyances irrationnelles, l'intolérance et les massacres auxquels ils mènent, ils ont raison mais qu'ils rejettent avec le même enthousiasme des millénaires de lente élaboration d'un certain sens moral et là ils ont tort car il n'y a pas que des inepties et des crimes dans la civilisation judéo-chrétienne. Il y a deux millénaires qu'une réflexion morale a bel et bien été initiée par les enseignements de Jésus de Nazareth. Que l'on soit théiste, déiste, agnostique ou athée d’origine occidentale, on doit l'admettre (même si je pense avec Denis Moreau que c'est la loi naturelle qui reconnaît en chaque homme une raison capable de discerner ce qui est bien, c'est-à-dire la conscience). L’histoire du christianisme est une source incontournable pour comprendre les origines et l’influence de cette religion sur notre société actuelle. Elle contient des aspects respectables : l'affirmation de la dignité de tous les hommes et notamment des plus pauvres, le respect dû à chaque individu, la sainteté de la générosité, la monstruosité de l'avarice, etc. On peut donc considérer qu'il existe une morale spécifique chrétienne (ou, à tout le moins judéo-chrétienne), basée sur la loi naturelle mais aussi sur une source extérieure à l’homme : les commandements de Dieu éclairés par l’Évangile du Christ et tout homme, même d’une autre religion ou athée, peut comprendre par sa raison et sa conscience la pertinence de cette morale et s’y conformer (même si elle est philosophiquement critiquable culpabilisant la sexualité et glorifiant la souffrance et la soumission). Cette morale était jusqu'à il y a peu le cœur même de notre civilisation. On l'enseignait aux enfants à l'école laïque autant qu'à l'école libre et c'est une terrible régression que d'avoir renoncé à ces valeurs-là. Il existe peut-être des athées pour penser le contraire et on a raison de leur demander ce qui a changé dans leur façon de penser qui peut nous permettre de croire que l'époque de l'intolérance est définitivement révolue. Il est vrai que je n'entends pas de leur part les indignations que je souhaiterais entendre. En particulier leur réaction en 2009 n'a pas été particulièrement violente sur le refus par l’Église du recours au préservatif en Afrique pour prévenir le sida qui aurait suffi à sauver des millions de vies. En résumé l’athéisme comme la croyance est pour moi un dogme car il repose sur une intime conviction invérifiable.

3-Le doute est ma foi : un défi face à la doxa et au conformisme ambiant

J'ai déjà traité du doute dans mon exposé sur le scepticisme en 2010 (voir le blog) et je me bornerai ce soir à le limiter au doute religieux perçu par l’Église comme une grande maladie de notre époque. Cet état de perplexité qui torture tant d'âmes aujourd'hui a été dénoncé aussi en son temps par Victor Hugo : «Dans ce siècle en proie aux sourires moqueurs, toute conviction en peu d'instants dépose le doute, lie affreuse au fond des tous les cœurs...». Pourtant on a le droit de douter des dogmes religieux comme de beaucoup d'autres choses car le doute est la seule façon de distinguer le vrai du faux car si la vérité lui résiste, l'erreur casse devant lui. Douter, c'est s’opposer aux certitudes des doctrines athéistes et théistes. Croyants et athées sont dans des certitudes symétriques que je ne peux admettre. D'ordinaire on oppose le doute à la foi. Les croyants pensent que c'est la foi qui sauve ; moi, je pense que c'est le doute et que la foi aveugle sert essentiellement à perdre son bon sens. Pourtant si certains croyants envisagent la foi au risque du doute (la nuit de la foi), c’est qu’elle ne l’exclut pas, c’est qu’elle s’expose au doute en faisant le pari qu’elle ne sortira pas vaincue de l’épreuve, qu’elle en sortira peut-être même affermie. Il semble étrange que ces croyants, dont la principale caractéristique devrait justement être de croire, en soient réduits souvent à devoir confesser l'expérience du doute (Jean de la Croix, Mère Teresa, Thérèse de Lisieux). Car l'habitude de douter est si universelle qu'il me semble que s'il fallait renommer la majorité des chrétiens, le seul nom adéquat qu'il faudrait leur donner serait celui d'incroyants ! Les seuls croyants qui refusent le doute, cette face sombre de la foi, sont les intégristes qui en font même un phénomène diabolique. On a vu que le terme de croyance est piégé : sémantiquement, il désigne tout l’éventail des degrés de possibilité objective et celui des degrés de certitude subjective. On peut donc affirmer, comme très certain subjectivement, quelque chose de très douteux objectivement ou l’inverse et tous les intermédiaires sont possibles. Si la référence au doute disparaît, alors il y a mensonge ou illusion : la croyance ou la foi fonctionnent comme des pseudo-savoirs. Parfois ils servent alors, dans une confusion totale, à récuser des savoirs, sans faire le travail de leur établissement : c’est ainsi que les créationnistes prospèrent. Pourquoi les religions composées uniquement de pensées abstraites à croire rencontrent elles aujourd'hui tant de contradicteurs ? Car le sentiment religieux est naturel à l'homme : les consolations qu'il apporte paient au centuple la peine que peut avoir l'esprit à se soumettre au joug de la foi. L’attirance pour les religions, l’envie de se relier à une origine, à quelque chose d’universel et éventuellement de sacré, ne peut pas être exclue du monde. Cependant cette attirance ne se manifeste pas nécessairement dans une croyance en des dogmes religieux ; c’est plutôt une recherche personnelle. «Nous sommes émancipés de l'emprise de la religion, mais il nous faut incorporer, dans notre idée de l'homme le fait qu'il a été et reste susceptible de religion. Même pour un laïc, athée ou agnostique, il faut donner un statut à cette possibilité du religieux dans l'homme dont nous voyons bien qu'elle insiste, même si elle ne passe plus nécessairement par les religions constituées. C'est de cela que sera fait le XXIe siècle.» Marcel Gauchet. Alors me direz vous : pourquoi errer dans les ténèbres du doute ? Parce qu'il est salutaire lorsque nous sommes confrontés à des pensées conformistes la plupart du temps proclamées de façon péremptoire. Car nous sommes vite gagnés par un état de non-pensée, un effet de sidération, devant des propos qui se présentent avec une telle naïveté comme appartenant au sens commun. Nous sentons bien que ces affirmations ne souffrent aucune discussion possible, que notre interlocuteur est tout entier dans ses propos, sans la moindre prise de distance. Mais le plus remarquable est que cette non-distance est contagieuse et nous empêche nous-mêmes de mettre à distance l’objet dont on parle. D’où cet effet de sidération qui pétrifie la pensée. Car nulle pensée en effet ne peut prendre forme sans un jeu possible entre moi et mes représentations, sans un dialogue intérieur. C’est comme si l’absence de dialogue avec l’autre correspondait aussi à l’absence de dialogue intérieur et épuisait toute possibilité de pensée. Affectivement cela peut s’accompagner dans certains cas d’une vague impression de peur et d’oppression, comme si nous étions soudainement pieds et poings liés à l’éventuelle véhémence du propos et à ses conséquences pratiques. Car nous sentons plus ou moins confusément qu’«un discours assuré peut être toujours soupçonné de préluder à quelque croisade» (Clément Rosset). De plus l'opinion peut éliminer le doute et ne miser que sur la croyance. Le facteur important qui installe une relation entre le doute et la croyance est la raison. Elle est essentielle à l'intelligence humaine car elle est le centre de la pensée et de la logique. Elle s'interpose entre l'action du doute et celle de la croyance, afin de poser des jugements réfléchis. Croyants et non-croyants auront toujours d’excellents arguments pour expliquer que Dieu existe ou n’existe pas : aucun ne prouvera jamais quoi que ce soit. Comme l’a montré Kant, l’ordre de la raison et celui de la foi sont de nature différente. Les croyances existentielles, sous des formes mystiques (qui font l’objet d’une expérience subjective de fusion ineffable avec l’absolu divin) ou rationalisées, tentent de soumettre les désirs des individus et leurs conduites à une autorité supposée infinie (Dieu tout puissant) transcendante et supérieure à l’homme, d’un être réellement existant disposant d’un pouvoir de récompenser et de punir au regard de valeurs et de normes indiscutables et sacrées. Il en va donc du sens de la vie toute entière, voire du salut après la mort, d’obéir sans conditions (sacrifice d’Isaac) aux commandements divins. C’est pourquoi ni la religion, ni la culture traditionnelle ne peuvent tolérer le doute concernant les dogmes (principes absolus) du message religieux et des obligations collectives et individuelles qui en découlent. Elles récusent d’ailleurs par principe la distinction entre la vie religieuse et la vie politique, au nom du caractère sacré et univoque du droit coutumier. Ce faisant, elles opèrent la confusion entre les croyances prescriptives et la croyance réaliste indémontrable de l’existence de principes divins protecteurs ou d’un dieu créateur de l’ordre du monde et sauveur des hommes. Se soumettre à Dieu, c’est obéir à des normes naturelles et sociales réellement existantes crées par le dieu ou les dieux depuis l’origine du monde et de la communauté et jusqu’à la fin des temps. Cette foi crée un sentiment d’identité fusionnelle entre les croyants et fait naître la communauté comme un ensemble d’individus soumis à la même loi transcendante, sur fond de renoncement à toute autonomie de pensée et d’action. La communauté peut exiger le sacrifice symbolique de l’individu à elle même au nom de son dieu (humilité devant Dieu) en vue du salut de tous. Si cette soumission est transgressée ou si des mécréants ou des hérétiques menacent cette soumission, alors le sacrifice réel du ou des coupables peut en découler pour sauver le sens du sacré comme sens ultime de la vie de tous les autres (la chasse aux sorcières, l’inquisition, les guerres religieuses d’extermination etc.).Vous pouvez penser que si je me déclare ni croyant, ni athée, c'est parce que j'hésite entre ces deux attitudes. Une telle position serait d'ailleurs respectable mais mon opinion ne consiste pas à hésiter entre les opinions des autres mais bien à affirmer la mienne. Je pense que chacun doit construire sa vie sur ses propres choix éthiques : les siens et pas ceux d'un autre, que cet autre soit un dieu réel ou un dieu inexistant. Je pense que chaque individu (même préformaté par la morale chrétienne) a la capacité d'élaborer sa propre conception du bien et du mal en fonction de sa personnalité, de ses expériences, de ses connaissances et du contexte dans lequel il se trouve. Je pense aussi que cette capacité est une bonne chose et ce sans considérer si elle nous a été donnée par Dieu, les caprices de l'évolution, le hasard ou la nécessité. Je crois qu'elle fait de moi un homme guidé par sa raison (non un animal mû par son instinct) et je ne suis pas disposé à l'abdiquer en faveur de qui ou quoi que ce soit, ni en faveur de la théorie de quelque génial théoricien, ni en faveur d'un dieu tout-puissant. Je veux donc décider par moi-même de ce que je fais de ma vie. Bizarrement on peut sans doute reconnaître là un écho du vieux mythe judéo-chrétien : l'homme ayant mangé le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal est devenu semblable à Dieu -sauf en cela qu'il est mortel. D'un point de vue philosophique je pense que ce texte de la Genèse énonce une vérité morale. Je suis donc un agnostique...de culture judéo-chrétienne. L’athéisme et la foi relèvent de la conviction et je n'en ai pas sur ces questions. L'agnosticisme dont je me réclame et je n'en fais pas un article de foi car un agnostique n'a aucune foi sinon en la nécessité du doute (et même de cela, il peut se permettre de douter) vient du grec αγνωσθος (ignorant) mot créé en 1869 par Thomas Huxley qui s'est inspiré des idées de David Hume et d'Emmanuel Kant : «Ce principe peut-être énoncé de diverses façons, mais résumons-le de la sorte : un homme ne devrait pas se dire certain de l’authenticité objective de quelque proposition que ce soit s’il n’est pas capable de fournir une preuve justifiant logiquement cette certitude.» Si les agnostiques refusent de se prononcer quant à l'existence d'une intelligence supérieure, ils n'accordent, en revanche aucune transcendance et aucune valeur sacrée aux religions (prophète, messie, textes sacrés...) et à leurs institutions (clergé, rituels et prescriptions diverses). C'est pourquoi de plus en plus de gens en Occident se disent agnostiques. Ceux-ci voient en effet les religions comme de pures constructions sociales et culturelles qui auraient surtout pour fonction d'assurer la cohésion et l'ordre dans les sociétés humaines traditionnelles via la menace de l'enfer, la promesse du paradis ou encore la notion de péché. En d'autres termes les religions, aux yeux d'un agnostique, sont bien trop humaines de par leurs modes de fonctionnement et de par les dynamiques anthropologiques sur lesquelles elles se basent (soutien psychologique face à la mort, analogie très anthropocentrique d'un dieu bâtisseur de l'univers...) pour qu'elles aient un quelconque lien direct avec toute forme d'intelligence supérieure, tout en n'excluant pas non plus le fait que ce soit malgré tout possible. D'où cette interrogation constante propre à l'agnostique et la difficulté pour lui de se tenir sur une ligne de crête avec d'un côté le versant de la croyance et de l'autre celui de l'athéisme. L'agnosticisme est donc une doctrine philosophique qui déclare l'absolu, le divin, la métaphysique et plus généralement ce qui ne peut être appréhendé par l'expérience, inaccessible à l'esprit humain. «L'agnostique ni ne croit ni ne croit pas : il doute, il s'interroge, il hésite, ou bien il refuse de choisir. Il coche la case "sans opinion" du grand sondage métaphysique» André Comte-Sponville. Il professe une complète ignorance touchant la nature intime, l'origine et la destinée des choses. C'est une forme de scepticisme appliquée à la métaphysique et à la théologie. Il faut d'ailleurs plus de courage pour admettre que l’on ne sait pas et que l’on ne saura peut-être jamais que d’affirmer qu’on a des certitudes. Nietzsche disait : «Ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude». Même un esprit impartial, comme l'est l'agnostique, devra reconnaître qu'il y a des éléments de superstition dans la religion, de la crédulité (croyances dans les miracles, dans l'efficacité de la prière), du fétichisme, voire du paganisme avec le culte des reliques auxquelles on prête des pouvoirs magiques, de l'intérêt puisqu'on obéit à Dieu pour avoir son salut, de l'irrationalité et de l'infantilisme puisqu’on demande à Dieu d'infléchir le cours des choses, etc... Bref, tout cela pour moi n'est pas très catholique. L’agnosticisme est souvent revendiqué ou seulement avoué et parfois modestement par un grand nombre de contemporains. Il existe une frontière, difficile à définir en toutes circonstances, entre la reconnaissance de la limite infranchissable de l’affirmation de la foi et l’agnosticisme. C’est d’un côté l’agnosticisme, issu du doute, en sa radicalité et d’un autre côté cette forme d’agnosticisme qui accompagne l’entrée dans l’esprit humain, selon le mot d’Henri Gouhier, de «la présence d’un inconnaissable». En fait même si je n’ai pas de foi religieuse, comme l’a dit Mitterrand : «ce n’est pas faute de chercher mais je ne sais pas si je crois». Je me situe donc exclusivement sur le plan rationnel. L'absolu étant inaccessible, je suis un matérialiste qui postule pour un principe organisateur du vivant évoluant dans la matière elle-même et pas prêt à vouer un culte à un dieu hypothétique car pour moi l'introduction de Dieu dans l'explication du monde n'est pas une nécessité logique (mais cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas.)

En résumé «Les témoignages accumulés de la présence au ciel du Divin Créateur sont loin d'être probants. Mais, d'autre part assurément la "preuve du contraire" est inimaginable. Or donc, précisément, il n'en faut pas conclure. Il faut laisser à Dieu le bénéfice du doute.» Sacha Guitry. Enfin Denis Moreau nous dit à la fin de son exposé que «le catholicisme est une religion de la joie». Pourtant à force de dénigrer le corps, de voir le mal partout, de parler du péché originel et de l'enfer, l'Église ne montre pas qu'il y a de la joie à croire. Alors comment répondre à Denis Moreau qui vient à nous plein de joie chrétienne ? On peut être tolérants mais la joie du message sera loin d’être contagieuse car le monde matériel, avec ses soucis et ses plaisirs, étouffe l’esprit, lui ôte sa sensibilité et donne l’idée que les pensées de transcendance et de vie éternelle sont des affabulations.

Conclusion

Ce que je ne peux pas accepter des religions monothéistes, d'une part c'est qu'elles ont placé l'homme au centre de l'univers. Pourquoi y serait-il ? La conséquence, c'est que nous voulons mettre la nature à notre service alors que nous devrions obéir à ses lois. Je ne résiste pas à l'envie de citer Théodore Monod : «..l'anthropocentrisme triomphaliste et orgueilleux des grands monothéismes ne nous a jamais appris à respecter, à interroger, à comprendre, à aimer la nature mais bien plutôt à la dominer, à l'exploiter, au besoin la mettre au pillage...». D'autre part que tous ces courants religieux, subdivisés en d'innombrables ramifications prétendent détenir la vérité et que chacun se croit légitime dans la détention de cette vérité. Pourtant la vérité est un concept purement humain. Y a-t-il une vérité objective ? Ce que nous disons vrai n'est-il pas fondé seulement sur ce qui est dit ? Et avons nous d'autre moyen que de la dire pour la faire exister ? Je ne peux me résoudre à penser que, s'il y a une vérité absolue, elle soit d'ordre divin. Je ne suis pas non plus un rationaliste qui se refuse à prendre en considération ce qui dépasse les bornes de son entendement, rejette tout ce qui n’est pas explicable par la science, se fige dans sa conception et en fait un dogme comme les fidèles de n’importe quelle religion. Enfin et surtout je ne prétends pas que mon opinion soit la bonne alors que le mystère de la création reste entier. Pour conclure, je vais vous toucher un mot de mon hypothèse métaphysique ni plus ni moins extravagante que les autres sur la genèse de l'univers.

Au commencement était l'intelligence. Je ne sais pas si cette intelligence était portée par un dieu unique comme le dit l'évangile de Saint Jean, par des dieux comme chez les Grecs, ni si elle était supérieure, égale ou même inférieure à la nôtre. En tout cas il y a très très longtemps, au temps de l'univers, supposé vide d'avant le mur de Planck, quelqu'un de très intelligent qui s'ennuyait dans le néant et voulait être tout puissant a disposé les uns derrière les autres, des centaines de dominos puis a donné une chiquenaude dans le premier, ce qui a provoqué la chute séquentielle de tous les autres. Alors ce quelqu'un a dansé de joie en disant: «Yahoo! J'ai inventé la réaction en chaîne !» Et il a tout de suite ajouté: «Je vais en faire une plus compliquée» Il a alors assemblé des quarks, des leptons, des bosons et a fabriqué une super bombe à fission. Alors que l’univers avait atteint l’âge de 10-43 secondes, la masse critique de la bombe a été atteinte et une énorme explosion a catapulté ce quelqu'un à des milliards d'années-lumière, des nuages d'hydrogène se sont formés qui donnèrent naissance aux galaxies, aux planètes dont la terre et aux premières briques de base du vivant. Depuis 13,7 milliards d'années la réaction en chaîne se poursuit sans que ce quelqu'un n'ait réussi à la contrôler. Certains croyants autres que les fondamentalistes défendent l'idée que cette interprétation de la Genèse peut être à la fois historiquement et scientifiquement valable et vénèrent ce quelqu'un qu'ils appellent "Dieu tout -puissant". Quant aux athées, ils affirment qu'il n'a jamais existé ou à tout le moins qu'il a été tué dans l'explosion. Enfin les agnostiques pensent qu'il a peut-être existé et que, s'il est toujours vivant, il se demande comment il pourrait arrêter cette réaction en chaîne mais que plus vraisemblablement il se désintéresse de sa création.

 

J.F. BOYER mai 2018

BIBLIOGRAPHIE

Esprit de l'athéisme. Introduction à une spiritualité sans Dieu. André Comte Sponville

Dieu et moi : comment on devient athée. Et pourquoi on le reste Jean Soler

Traté de l'immortalité de l'âme Pietro Pomponazzi

Apologie de Raymond Sebond Les Essais Montaigne

Réponse aux questions d'un provincial Pierre Bayle

L’Éthique Baruch Spinoza

De L'esprit Helvetius

Système de la nature, Le traité des trois imposteurs Baron d'Holbach

L'Essence du christianisme Ludwig Feuerbach

Le monde comme volonté et comme représentation Arthur Schopenhauer

Le gai savoir Nietzsche

Une foi commune John Dewey

Science et Religion Bertrand Russell

Le Hasard et la Nécessité Jacques Monod

Mémoire des pensées et des sentiments Jean Meslier

L'avenir d'une illusion Sigmund Freud

Traité d'athéologie Michel Onfray

Et l'homme créa les dieux Pascal Boyer

Le désenchantement du monde Marcel Gauchet

La religion dans les limites de la simple raison Emmanuel Kant

Croyances, comment expliquer le monde ? Henri Atlan

L’Antechrist… Friedrich Nietzsche

 

 

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