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1 février 2018 4 01 /02 /février /2018 20:00

 

Comme on dit «au fil de l’eau», laissant la barque suivre le courant, de rive en rive, ne donnant de temps à autre que si nécessaire un coup de rames..

Comme on dit aussi «au fil de la conversation en improvisation en quelque sorte..»

Alors posons la limite et laissons la pensée la suivre.

Posons des définitions simples de base :

-limite : une ligne qui marque, qui détermine la rencontre, la séparation de deux «entités», c’est donc une fin d’un côté, un commencement de l’autre.

Ainsi dans l’espace, limite d’un corps, de deux territoires, de deux terrains.il s’agit d’une frontière, ou du bornage d’un terrain constructible.

Dans le temps, limite entre deux durées.

Ou encore limite pour la pensée (les limites de la connaissance), comme pour l’action (limites de la liberté). Un terme que l’on ne peut dépasser, franchir, sans risquer gravement !

La limite donc comme borne qui indique un chemin, mais aussi contraint, empêche.

Des bornes, on peut les déplacer, les dépasser.

Mais le terme, le bout peut être indépassable.

La limite aussi comme terme, fin, barrière, ce qui arrête, empêche d’aller plus loin.

Un problème important est de savoir où est la limite :

Quelle limite ?

Comment la connaître, la reconnaître ?

On est souvent en-deçà…

Et quand on l’aborde, il est déjà trop tard !

L’intérêt de la limite :

elle permet d’identifier, de reconnaître, de sécuriser (la frontière, la ligne blanche sur une route)

Les inconvénients de la limite :

risque d’enfermement, d’exclusion, de ne pouvoir exploiter totalement des capacités…

Alors peut se manifester le désir d’affronter, de dépasser la limite…

Mais comment connaître, reconnaître la limite, et de quelle limite s’agit-il ?

Ce peut être le «presque»: il y a des bornes, on arrive au bord du supportable,

comme on dit «à la limite, il y a des limites», dans la moquerie, l’humour par exemple, la justesse, l’équilibre à trouver entre deux exigences à la fois de proximité et d’opposition

Entre vérité et mensonge,

La limite met une borne, une fin à notre désir d’infini.

Cela nous fait prendre conscience que nous ne sommes pas Dieu, que notre situation ontologique c’est la finitude.

Les anciens voyaient un bonheur, tout au moins une condition de…, bannissant le faux infini des désirs, voyant dans l’insatisfaction le malheur( se souvenir d’Epicure) le malheur aussi dans la démesure (l’ubris contre le logos, ou plutôt l’inverse, le logos, la raison contre l’ubris, la démesure..)

Chez les Entre sincérité et hypocrisie,

Entre sécurité et liberté,

Transparence et pouvoir,

Où sont les limites ?

Quel équilibre instaurer ?.

L’art de «jouer» avec toutes les limites qui nous entourent, ou qui sont en nous !

Le dépassement n’est pas sans risque, sans danger

Le désir de la performance de battre un record peut entraîner l’accident, voire la mort.

Mais comment le savoir avant ?

Comment savoir si c’est trop tôt ou trop tard ?

L’alpiniste qui prend des risques et qui «dévisse», le dépassement risqué en Formule Un !

Et on peut situer ici le «burn out» de celui qui va jusqu’au bout de ses possibilités, de ce qu’il peut supporter dans son travail, ses engagements.

La limite semble aller à l’encontre de notre désir de bonheur, qui, lui, serait plutôt attiré par l’illimité, le tout tout de suite tout le temps.

Mais la raison est là qui veille, qui apporte de la mesure...moderne au contraire, la limite est une amputation de l’infini, qui resterait tel un membre fantôme..

Le malheur de ne pas être Dieu !la souffrance dans l’insatisfaction de ne pouvoir atteindre l’infini, de ne pas être Dieu !

Le bonheur :

Impossible dans l’impossible illimité ?

Ou dans la limite assumée : on ne peut tout savoir ,on ne peut tout faire, on ne peut espérer sans illusion !

CONCLUSION :

Au fil de la limite nous fait naviguer sur la condition humaine et sa finitude. :

Au niveau individuel, au niveau collectif, et au niveau ontologique.

Terme inexorable, mur infranchissable : condition de son malheur ?

Ou condition de possibilité d’un bonheur «maîtrisé» à sa mesure selon ses capacités ?

Encore une fois Sysiphe et son rocher..

L’ expérience de la limite comme «laboratoire expérimental» de l’existence humaine (épreuve, preuve, mise à l’épreuve.

Le problème, c’est qu’on n’a qu’une existence humaine, il n’y a pas une expérience en laboratoire (toujours artificielle, sans risque majeur) puis la vie réelle

On est d’emblée dans la vie réelle,

il s’agit de ne pas rater son coup,

Donc de bien jouer avec la limite d’emblée.

«amor fati», disait Nietzsche.

«à la limite» (au mieux, le possible, le supportable)

Faire de la limite (le bornage, le terme, l’indépassable..)une exigence, un horizon fuyant, mais motivant, excitant

Comment trouver son bonheur, quand il s’agit de confronter, de faire coexister l’illimité du principe de plaisir et la limite du principe de réalité ?

L’illimité auquel aspirent nos questions multiples et le toujours limité des réponses entrevues ?

La philosophie comme apprentissage de cette condition ?

Souvenir d’un personnage de «La condition humaine» de Malraux :

«il ne faut pas neuf mois pour faire un homme, mais soixante ans de joies, de souffrance, d’angoisse, et après il n’est plus bon qu’à mourir…»

(la passion inutile, selon Sartre…)

La finitude et la conscience de cette finitude est le propre de l’homme voué à la mort : la mort, le sexe et la fatigue nous apprennent la finitude.

La limite est donc bien le lieu d’une expérience humaine majeure.

Leçon de SOPhia, le 9 novembre 2017.

Par Gilles Troger.


 

 

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